Etre dedans, ou être dehors.
Combattre de dedans, combattre de dehors.
Pourquoi combattre, dabord ?
Pour soi ? C'est déjà une telle entreprise
Pour les autres ? Tant sont ceux qui ont besoin qu'on se batte pour eux. Dans les deux cas, il faudra se combattre soi-même, et combattre beaucoup d'autres.
Combattre
La vie c'est ça ? Un combat ?
Ben oui, c'est ça. Un combat pour la vie. Ou un combat pour mourir en ayant vécu.
D'abord, donc, savoir que, si bien que l'on combatte, pour soi ou pour d'autres, on mourra. Comme les autres. Toute volonté de différenciation, tout individualisme, toute manifestation d'ego s'arrête devant la mort. La mort est notre destin, à tous, et aucun d'entre nous, fusse-t-il le plus rusé et le plus fort n'y échappe. La mort est démocratique. La mort est mère de la démocratie. La vie est fille de l'oppression et de l'inégalité.
On ne naît pas tous égaux. On ne grandit pas tous avec la possibilité d'être libre. Et le coût de la liberté n'est pas le même pour tout le monde. Il n'est pas le même pour moi qui cherche à vivre de ce métier que j'ai voulu mien, et qu'il faut que j'invente autant que je le vende, que pour celui qui doit d'abord lutter pour son riz quotidien.
L'oppression d'une société marchande n'est pas l'oppression d'une société autoritaire. La dictature du marché est plus facile à vivre que celle de Pinochet.
Peut-être est-ce pour cela qu'elle est plus insidieuse, et plus difficile à combattre.
J'ai combattu pour des jours meilleurs, des lendemains qui chantent, des révolutions et des réformes. Je l'ai fait de dedans, je l'ai fait de dehors.
De dedans tout en étant dehors, et de dehors tout en étant dedans.
Je m'associe toujours encore à certains de mes anciens camarades, qui combattent toujours plus en dehors du dedans, d'ailleurs.
Ma vie est dans une autre phase, je combats pour moi, et pour les miens. Mon cercle vital s'est rétrécit ? Ou n'est-ce que le temps que j'ai à donner ?
Peu importe, tout ça n'est qu'une suite de phases.
J'avais vingt ans il y a vingt ans, et j'ai le souvenir précis de mes barricades. Je ne les regrette ni ne les rejette. Elles sont à moi, et je suis content pour ceux qui découvrent les leurs aujourd'hui.
L'essentiel est là, toujours. Monter sur une barricade. Sur une colline. Sur une montagne. Aller plus loin. Dépasser les décors qu'on pose devant nous pour nous empêcher de construire les notres.
Oui mais.... S'aider d'abord, ou aider les autres ?
La question n'a pas de sens. On aide vraiment les autres lorsque l'on sait qui on est. On ne sait pas qui l'on est tant qu'on a pas profondément douté de soi et des autres.
Des fois, j'enfonce les deux oreillettes de mon casque dans mes oreilles, et j'arpente mon chemin, en écoutant hurler Joey Ramone.
What a wonderful world....
Le premier qui dit que Joey est pathétique prend mon poing sur la gueule.
Non mais.


