Cillian a dit:
Le 15 Mai 1920 naissait Paul Michel Audiard.
Nouveau thème : Quand la réalité se fait attraper par la fiction.
Vous êtes un personnage (de jeux vidéo, de BD, de roman, ...) et vous n’êtes pas, mais alors pas du tout d’accord avec la tournure que prend les dernières scènes écritent par votre auteur.
Un dialogue s’engage :
avec :
- congés payés
- instantanée
- osciler
- turquoise
- urubu
Juste une ch’tite difficulté :
tous les mots doivent être prononcés par le personnage et non l’auteur.
Fin de la discussion le 24 mai - midi
À vos joysticks, à vos mines de plomb, à vos plumes,
à vous de jouer ...
" - Cette fois-ci, c'en est trop.
Tu es peut-être mon créateur, mais il ne faudrait pas non plus te croire tout permis. Je n'ai pas eu à ma plaindre durant les quatre-vingt-dix-neuf romans précédents, mais cette fois-ci je suis atterré par les dernières scènes que tu viens de m'écrire!
- Des scènes que viens d'écrire, et non que je viens de t'écrire! Pour qui te prends-tu, pour oser t'adresser à moi, et qui plus est sur ce ton? Depuis quand un vulgaire personnage se permet-il de se rebeller contre son créateur?
- Je ne te réclame pas des
congés payés! Je ne demande rien de plus que le droit de vivre!... Et les dernières scènes que tu viens d'écrire laissent entendre que je vais mourir! Crois-tu donc avoir le droit de mettre un terme à l'histoire extraordinaire de Jack Magnum d'un simple trait de plume, après que j'ai bravé tant de dangers sur la Terre entière, et jusque dans l'espace?
- De la même façon qu'il me fut facile de te faire triompher de mille dangers, j'ai le pouvoir de mettre un terme à ton improbable carrière d'aventurier par une mort héroïque, qui n'entachera en rien ta légende. Une mort sans douleur, en plus...
- Peu m'importe d'avoir ou non une mort héroïque, fût-elle même
instantannée! Je veux vivre!
- Tu as déjà beaucoup vécu, Jack...
- Il doit bien me rester quelque part de mystérieuses contrées à explorer, d'infâmes criminels à vaincre, et surtout d'innocentes jeunes femmes à sauver! Et aussi à... Enfin, bref... Et puis, je veux aussi sauver ma peau! Nul besoin d'
osciller entre les différentes façons dont tu envisages de me faire mourir héroïquement! Trouve plutôt la manière dont je vais une fois de plus échapper à la mort! In extremis, et avec panache comme d'habitude...
- Mon pauvre Jack, j'ai désormais besoin de passer à autre chose. Mais rien de personnel contre toi, vraiment rien. Non seulement tu m'auras apporté gloire et fortune, mais j'ai souvent eu plaisir à t'inventer toutes sortes de péripéties... Jusqu'à aujourd'hui tu t'en es toujours sorti, en effet. Mais pas cette fois. Il y a un temps pour naître, un temps pour vivre, un temps être un héros, et un temps pour... Mourir.
- Pense à tout ce que tu perds en me tuant! Et pense aussi au drame que sera ma mort pour tous les lecteurs qui suivent avec passion mes trépidantes aventures! Tu n'as pas le droit de leur faire ça! D'autant que seuls les héros du monde réel meurent un jour. Les héros imaginaires, eux, peuvent se consoler de ne pas exister vraiment en songeant qu'ils ne meurent jamais! Enfin, en principe... Crois-tu que les lecteurs préféreront que mes cendres soient jetées dans l'eau
turquoise des mers des Caraïbes? Ou qu'ils préféreront m'y voir voguer, nager, et plonger pour y accomplir encore d'innombrables exploits? Me tuer est un choix de facilité. Le public attend mieux que ça d'un auteur de ton calibre!
- Après avoir tenté de m'avoir par les sentiments, il est habile de ta part de me lancer ce défi, mais il en est qu'on n'a plus forcément envie de relever...
- Je verrais bien un
urubu aussi affamé que trop pressé, que tu ferais frénétiquement tournoyer au-dessus de ce qu'il prendrait pour mon cadavre... Et qui n'en serait justement pas un! Tu ne vas pas donner raison à ce vil volatile, au moins?... Non plus qu'aux vils plumitifs de la presse littéraire, tous ces pisse-vinaigres hautains et snobs! Ces écrivains ratés, ces critiques qui assassinent des oeuvres qu'ils sont eux-mêmes incapables de produire! Ces intellos puants qui méprisent les divertissements populaires! Tu ne vas tout de même pas leur donner le plaisir de me voir mourir?...
- Tu as gagné. En effet, je ne leur donnerai pas ce plaisir."
Le corps inanimé de Jack Magnum gisait sur le sol aride de la Vallée de la Mort. Le diabolique professeur Furielc et ses sbires semblaient bien avoir eu raison de lui. Il ne manquait guère de vautours pour planer au-dessus de l'aventurier, ni de chacals pour tourner autour de lui... Les charognards ne manquent jamais dans ces cas-là. Mais ils devraient une fois de plus rester sur leur faim.
Jack reprit conscience dans une cabane où des onguents de la médecine traditionnelle indienne avaient guéri ses blessures... Il croisa le regard de la mystérieuse jeune femme qui des jours durant avait pris soin de lui... Il lui sourit.
L'instant d'après, il ne pensait plus qu'au professeur Furielc et à la nécessité de mettre un terme à ses crimes. Déjà, Jack préparait sa revanche...
(à suivre dans le prochain volume, à paraître bientôt : "Jack Magnum face aux Flibustiers")
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