Au début, rien.
Un vent de mort soufflait sa peine.
Des corbeaux ricanants semblaient compatir.
La brume les rattrapait.
Le sol, froid, laissait résonner les fers des chevaux.
Un bruit sec retentit.
L'atmosphère, chargée d'hémoglobine, se convulse.
La créature renâcle.
Autrefois, il était humain...
Des images sans sens lui reviennent.
Les arbres, rassasiés, laissent passer le cortège.
Une fière compagnie aux couleurs criantes,
touches de couleurs dans une grisaille infinie.
Des hommes comme lui...
Non, pas comme lui.
Pas depuis qu'ils l'ont chassé, pas depuis que la puissance l'a aidé.
Quelques chevaliers ferment la marche,
leurs fanions pourpres animés d'une vie propre,
resplendissants dans leurs armures complètes.
Un frisson parcourt son échine.
Déjà, un monstre de sa horde s'est retourné.
Deux puits rougeoyants, assez profonds pour y perdre une raison qui n'est déjà plus, le fixent.
Puis la créature s'élance, toutes griffes dehors.
Un cri terrifiant déchire le temps.
Une terreur sans nom s'en échappait.
Les sabres se dévoilent, hésitants.
Pauvres humains...
Il s'enivre de leur odeur, de leur peur.
Du sang goutte de sa lame dans un fracas étourdissant.
Dans la mare qui s'étend, son reflet.
Le reflet le regardait, et lui parlait en des mots immondes.
Une mélopée venant de lointaines plaines au bord du monde.
Des mots vivants colportant la mort.
Il sourit.
La puissance est avec lui, en lui.
Quelque part en lui, il hurle son désespoir.
Mais ne sort que le cri précédant le carnage.
Des formes inimaginables jaillissent d'entre les arbres, et culbutent la formation.
Sous les branches enchevêtrées, la confusion règne.
Entre les racines séculaires, les corps s'entremêlent.
Teint en rouge, il avance, tourbillon de destruction.
Personne ne peut lui résister.
Ils sont tous condamnés.
Autour, des damnés comme lui, démembrant, tranchant, arrosant la terre stérile.
Un éclair, derrière.
Les centaures de métal se sont dégagés, et chargent.
Une masse compacte, ordonnée, puissante enfonce la vague désordonnée des mutants.
Bouillant d'une rage atroce, il se jette à la rencontre des chevaliers.
Mais, ne rencontre que le vide.
Il sent ses alliés qui tombent sous les coups des soldats noir et or.
Seul compte la haine.
Son corps frémit.
Une voix gémit:
"Il est temps, peut-être."
Là-bas, terrible, s'élance sa némésis.
La créature se redresse de toute sa taille, la défie.
Il charge.
Captivé par le mouvement fluide des chevaux,
Hypnotisé par ces prunelles froides qui l'observent, dans l'obscurité du ventail.
Une explosion glacée dans le poitrail.
Teint en rouge, il tangue, dans le tourbillon de sa damnation.
Dans la mare à ses pieds, son reflet.
Quelque part en lui, il sourit.
La chose hurlait sa rage, aggripée à la hampe qui lui perforait le coeur.
Un vent de mort soufflait sa haine.
La brume les engloutit.
Puis, le silence.
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Petite contribution fantasy style.
Critiques constructives et commentaires sont les bienvenus (MP, TdB, CdB, toussa toussa).