PonkHead a dit:
sujet : Folie barbare
Mots imposés :
- Epée
- Sortilège
- Lande
- Manoir
- Crépuscule
Date limite de participation : lundi 03/07 à midi.
Vous l'aurez compris, je m'attend à de l'héroic-fantasy.
Mais j'aime les surprises.
Je ne sais plus comment j'en étais arrivé là... Je portais mon armure et autant d'armes que j'en pouvais porter, et je cheminais dans les marécages nauséabonds de la Vallée Maudite, escorté par une bien pauvre armée... Des nains hirsutes, des elfes fatigués, des mercenaires peu reluisants dont la loyauté ne valait sans doute pas les pièces d'or qu'ils avaient réclamé en paiement de leurs services...
Une poignée de quelques dizaines d'hommes, pour autant qu'on eût pu appeler hommes les créatures qui formaient une troupe aussi baroque...
Nous peinions à avancer... La boue ralentissait nos pas... Nous ne pouvions pas nous séparer de nos armes, et nous n'avions plus de montures pour nous porter... Aux premiers hurlements de nos assaillants, j'eus à peine le temps de sortir de son fourreau mon
épée à deux mains, et de prendre ma part au fracas du carnage qui venait de commencer...
Les survivants qui m'accompagnaient encore n'eurent que le temps de me suivre à la hâte avant un deuxième assaut fatal de nos assaillants... Quelques-uns de mes compagnons tombèrent sous les flèches ennemies, tandis que nombre de cadavres démembrés ou éviscérés ajoutaient déjà à la puanteur inhérente au lieu... Notre mission justifiait tous les sacrifices, et chacun de nous aurait donné jusqu'à sa vie, jusqu'à son âme pour remplir la mission qui nous incombait. Il nous fallait réussir, fût-ce au prix d'un quelconque
sortilège...
Nous parvînmes bientôt à la Grotte aux Sorcières, où les habitantes des lieux nous soulagèrent de nos dernières pièces d'or en prix de leur assistance...
Lorsque nous quittâmes nos repoussantes hôtesses, la nuit commençait déjà à tomber...
Bientôt, nous fûmes au coeur de la
lande. Le ciel nocturne nous cachait insuffisamment, car la nuit était claire, et nous restions exposés à la vue de nos ennemis, dont le prochain assaut ne tarderait pas.
Si ce n'est que le danger se manifesta cette fois sous forme de créatures presque aussi grandes que les collines derrière lesquelles leurs monstrueuses silhouettes se dessinaient, à la faveur d'une inquiétante pleine lune...
De gigantesques dragons ailés, au nombre de trois au moins, commençaient à se profiler devant nous en faisant raisonner le paysage entier de leurs sifflements hideux et du bruit flasque de leur lourde reptation... Puis ils se dressèrent sur leurs pattes crochues et déployèrent leurs immenses ailes en fondant sur nous...
Avant qu'aucun d'entre nous n'ait pu mettre la main sur la moindre arme conventionnelle, j'ordonnai à chacun d'utiliser son filtre d'invisibilité, et de diriger vers les yeux des dragons les perles magiques seules capables de les hypnotiser, transformant leurs mouvements en une hallucinante danse docile... Bientôt ils furent immobiles, au point qu'il nous fut facile de les monter... Ce n'est que sur notre ordre qu'ils se levèrent, prirent leur envol, et nous menèrent malgré eux au lieu où devait s'achever notre périple...
Les sorcières avaient mille fois mérité leur or.
Les immenses reptiles ailés se posèrent sans trop de bruit non loin du
manoir que nous recherchions depuis si longtemps... L'endroit semblait désert, et nous pénétrâmes sans trop de difficulté au coeur de l'inquiétante bâtisse...
Nos torches, puis nos chandelles éclairèrent d'immenses pièces qui semblaient n'être plus peuplés que de cadavres, en armure pour la plupart, et sans doute là depuis des années...
Peu de temps s'écoula avant que nous parvinrent les intonations d'étranges psalmodies... La jeune princesse Ceylia était nue, et son magnifique corps vierge, écartelé et enchaîné sur un autel, nous indiquait que le sacrifice rituel était imminent...
Mes hommes et moi-même livrèrent aussitôt une bataille soudaine contre de longues et maigres silhouettes encapuchonnées, dont les bras semblaient terminées par des mains squelettiques et griffues...
Le sort nous fut clément au point que la victoire sous sembla presque facile...
Le
crépuscule du matin baignait le paysage d'une étrange lueur violette, alors que la princesse Ceylia se dirigeait vers l'un des dragons ailés, entourée de son improbable escorte...
La princesse avait été rhabillée un peu vite à mon goût, et rien ne m'autoriserait jamais à lui faire la cour, ni même à espérer de sa part d'autre récompense que sa gratitude. Sans doute les traditions de ce royaume ne le permettaient-elles pas...
De toute façon, ainsi en avait décidé le Maître de Jeu.
Mon personnage n'était pas mort, et c'était heureux, car il m'accompagnait déjà depuis des années...
Le petit matin m'était pénible, ce jour-là, après vingt heures ininterrompues à écouter les descriptions des uns, les indications des autres, les instructions du maître de jeu et à lancer les dés...
Maudits jeux de rôles...