Nephou a dit:
Merci
bon, le thème est : aime ton prochain
les mots : — viandox, — courge, — Uilleann pipe, — glisser, — Wisteria floribunda
le délai : —› 17 juillet 206 à midi
Sean avait connu des jours meilleurs.
Une simple soupe relevée de
Viandox en guise de dîner, dans la petite maison de pierres qu'il venait d'acquérir dans les Basses Terres, en Écosse. Il avait dû fuir l'Irlande du Nord, rejeté par les Britanniques à cause de ses idées indépendantistes, et chassé par l'IRA du fait de son refus de soutenir la lutte armée. Il avait pourtant longtemps cru pouvoir compter de vrais amis au sein de la communauté catholique comme au sein de la communauté protestante. Aujourd'hui, les bellicistes les plus radicaux semblaient en position de force.
Il ne restait que peu de choses à Sean. Cette modeste maison, dans le jardin de laquelle il avait réussi à faire pousser quelques variétés de
courges, essentiellement destinées à sa consommation personnelle, et quelques variétés de fleurs dont il n'était pas peu fier. Et tout juste assez d'argent pour survivre, en attendant de pouvoir trouver un emploi. C'était désormais là qu'il voulait s'établir. Loin du tumulte des armes, des guerres, et des multiples trahisons. Loin de tant de souvenirs douloureux.
De l'Irlande, Sean n'avait conservé qu'un seul souvenir, et pas le moins encombrant. Des
Uilleann pipes, seul instrument dont il avait jamais su jouer, et qui lui rappelaient certains des meilleurs moments passés avec ses amis irlandais, s'il pouvait encore se les rappeler en ces termes.
Sean avait perdu des êtres chers dans chacun des deux camps. Un jour, il n'en doutait pas, toute l'Irlande serait indépendante du Royaume Uni. Et l'on y vivrait enfin en paix.
Il aimerait toujours passionnément Sarah, dont la vie avait été fauchée par une balle perdue, sans doute tirée par un soldat britannique. Jamais son souvenir ne le quitterait, et il ne n'imaginait pas qu'on eût pu lui reprocher de ne pas l'avoir aimée, au prétexte qu'il avait refusé de la venger. On l'avait même accusé de lâcheté, et il fut considéré comme un paria par ceux-là mêmes dont il avait toujours été persuadé de défendre la cause de la meilleure façon. Sean n'avait pu s'empêcher de
glisser dans l'alcoolisme et la déchéance sociale. Il assumait cette partie de sa vie, mais la page était désormais tournée.
Pour l'instant, Sean n'aspirait qu'à apprivoiser sa solitude, avant de pouvoir à nouveau chercher sa place dans la communauté des hommes. Il ne savait pas de quoi sa vie serait faite demain, mais il voulait en tout cas ne jamais abandonner la cause de l'Irlande. Et encore moins celle de la paix.
Et dès qu'il le pourrait à nouveau, il consacrerait de son temps aux autres. Aimer son prochain, non pas seulement pour le plaisir de se sentir utile, mais parce que c'était sans doute la seule façon d'éviter à d'autres certains des traumatismes par lesquels il était passé.
Grâce à des graines qui lui avaient été données par une voisine et à quelques conseils, Sean avait réussi à faire pousser dans son jardin de belles fleurs aux larges pétales violets. Une variété de
Wisteria floribunda, communément appelée "glycine du Japon"...