Comme je n'ai aucune imagination, aucun talent pour inventer des histoires, je me contenterai de vous dévoiler simplement mes états d'âmes.
Jean-Baptiste a quatre ans. Il a un TED (trouble envahissant du développement). À son age, il ne parle pas, ne sait pas compter, ne reconnaît pas les
couleurs, ne communique pas ou difficilement. Néanmoins, il est dans une classe de moyenne section à l'école maternelle. Les aléas des mutations ont privé Jean-Baptiste de l'institutrice remplaçante qui s'était le mieux occupé de lui. Elle faisait même plus que l'AVS (aide de vie scolaire), censée être plus compétente. À cette époque, nous ne savions pas ce qu'il avait et elle a trouvé des petits trucs pour que la vie en classe se déroule au mieux. J'étais triste de voir partir une personne aussi dévouée.
La nouvelle institutrice, titulaire du poste, revenant de congé maternité a pris sa place début janvier. J'ai douté qu'elle fasse aussi bien. Mais j'ai eu pendant un moment l'
illusion qu'elle pouvait faire progresser mon fils. Elle était si gentille. Nous avions de petites réunions informelles pour parler des progrès de Jean-Baptiste. J'étais tombé inconsciemment sous le charme. Je m'aperçut un peu tard qu'elle ne pouvait rien pour lui, trop occupée à contenir une classe surchargée d'enfants ordinaires certes, mais difficiles.
Un jour, Jean-Baptiste a fait une crise que personne à l'école n'a pu gérer. On se rendit compte que le spectacle organisé ce jour là dans une salle annexe avait changé ses habitudes, donc l'avait perturbé profondément. La psychologue qui suit son dossier depuis peu nous a conseillé de faire un album
photos. Jean-Baptiste ne comprend pas par les mots mais par des visuels. Un album constitué d'objets et de personnes qu'il a l'habitude de rencontrer dans son quotidien serviront pour créer un emploi du temps. Ainsi, cela atténuera ses angoisses et ses crises.
Secrètement, j'ai vu l'occasion de prendre des photos de la belle institutrice. Les photos prises, il n'y avait plus qu'à les
glisser une a une dans l'album. Dans les premières pages, on voyait dans un ordre précis le programme du jour : ma voiture, l'école, le couloir de l'école, la classe, la maîtresse, la cours de récréation et ainsi de suite jusqu'au soir. Tous les matins je montrais l'album photo à Jean-Baptiste. La méthode semblait fonctionner puisqu'il faisait de moins en moins de crises, donc était de plus en plus à l'écoute des consignes de la maîtresse ou de l'AVS.
Plus tard, la visite d'une ferme a été organisée. Je me suis inscrit comme accompagnateur exclusif de mon fils, je ne voulais pas qu'il soit privé de sortie à cause de son comportement. L'institutrice a accepté volontiers et en a profité pour me demander si je pouvais faire des photos de la sortie afin de les afficher dans la classe. Je ne demandais pas mieux comme travail ! Le jour de la sortie j'avais un peu peur des réactions de Jean-Baptiste mais finalement tout s'est bien passé. J'ai pris de nombreux clichés des enfants en compagnies des animaux de la ferme. Le soir même, je regardais avec
volupté les photos volées que j'avais prises de la maîtresse.
J'ai placé tous les mots obligatoires, donc je vous épargnerai la suite.
à gauche Jean-Baptiste, à droite Sylvie.