Bon je me lance à mon tour ...
pas facile .. mais bon on ne va pas revenir là-dessus !
humhum ... voici donc :
Je me revois avec ma "robe espagnole", une jolie robe rouge, à pois noir, avec pleins de volants "qui volent quand tu tournes" .
Mes cheveux relevés, attachés avec une fleur, du noir autour des yeux, des paillettes sur les paupières, du rose sur les joues ...
Avec ma soeur nous vérifions une dernière fois que nous n'avions rien oublié : les sacs !!!
Vite il est 15h on va être en retard, le rendez-vous était donné sur la Place des Mensongers, on remontait la rue des Carolins,
arrivées au croisement de la rue des Bavarois, on appelait :
"-AAaaaAAAAAAAnnne"
Elle ouvrit sa fenêtre et nous dit : j'arrive !
Nous voilà toutes trois, l'Espagnole, Colombine et l'Egyptienne, prêtes à fêter le
carnaval.
Aline, Cyril, Cédric, Jérôme, Valérie, Sophie, Séverine, Lydie, Karine ... étaient déjà au rendez-vous.
Nous étions tous réunis, excités à l'idée de ramasser le maximum de bonbons !
-" Et si on faisait des groupes ?" lança Valérie,
cartomancienne pour la journée.
-"Comme ça on pourrait se partager les quartiers, et à la fin on se retrouve tous ici, pour tout mettre ensemble et puis partager tous les bonbons." ajouta-t-elle.
Un "ouais" collectif l'emporta ... nous voilà donc, 4 groupes, sillonnant les rues du village.
Aline, Lydie et moi devions faire le quartier autour de la pharmacie.
Nous avions préparé des petits sketches , Aline chantonnait, le
trémolo dans la voix, je l'accompagnais parfois, ou bien je disais la "phrase magique" pour obtenir quelques bonbons.
Nous avions quelques petites histoires en réserve.
La récolte se passait plutôt bien, les gens étaient contents de nos petites prestations ...et nous récompensait bien !
Mais nous arrivions à LA maison tant redoutée ... un grand portail métallique, une allée bordée d'arbres centenaires.
La maison que l'on disait hantée !!!!
On en avait raconté des histoires à son sujet ... les soirs d'été, quand nous nous retrouvions à la nuit tombée, pour se raconter des "histoires qui faisaient peur" ... il y en avait toujours une ou deux qui se passaient dans CETTE maison...
J'en avais froid dans le dos...
Aline décida qu'il fallait qu'on frappe à cette porte aussi, la maison était dans notre "secteur"; on se devait d'y aller, moi, moins attachée à mes devoirs de "récolteuse" de bonbons, qu'à la peur qui me rendait immobile, lui répondais, qu'il n'y avait certainement personne, et que de toute façon ils n'auraient pas de bonbon.
j'ai perdu ... comme souvent, on a tiré au sort, j'ai perdu ... donc nous voilà parties ...
La grille grinça longuement ... l'allée me paraissait interminable, nous ne faisions pas les fières.
C'était à moi que revenait le privilège de frapper à la porte (privilège de la perdante !).
Une vieille dame, habillée d'une robe verte, avec une fine ceinture noire, nous ouvrit.
Elle me paraissait diabolique, j'en restais muette clouée devant la porte.
Mais son visage s'illumina d'un grand sourire : elle s'écria d'une voix douce :
-"OOoooh mais que vous êtes jolies , mes petites, ça me fait plaisir d'avoir de la visite, chaque année je prépare des confiseries et personne ne vient me voir ...entrez, entrez !"
Le Hall immense de la maison était assez sombre, la lumière filtrée par des vitraux, donnait des reflets colorés à l'immense escalier de bois se dressant devant nous.
Ça sentait
l'encaustique, Lydie me regarda en se pinçant le nez et me dit :
-"Ça pue le mort ici" !
Elle nous conduisit dans sa cuisine, d'un autre temps ... le carrelage noir et blanc, les casseroles en cuivre, accrochées au dessus d'une immense cheminée, la pendule avec son balancier qui imposait sa présence par ses "tic-tac".
Sur la table, il y avait toute sorte de gâteaux et confiseries.
Elle nous invita à nous asseoir, nous avons mangé, des
crêpes, des merveilles, des beignets jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus. Nous avons discuté avec elle, elle était heureuse de nous avoir avec elle, tellement heureuse, qu'elle nous donna tout ce qu'elle avait préparé :
-" pour vos amis, mes petites, ça me fait plaisir, et revenez me voir quand vous voulez !".
Je viens de rêver que j'étais encore une enfant ... je revois cette robe rouge à pois noir ... la maison ... l'escalier ... ce rêve me laisse un goût sucré à la bouche ...je me rendors...
Je l'ai cherchée partout dans le grenier, chez mes parents, impossible de la retrouver, le joyeux foutoir qui s'y trouvait a été vidé pour faire place aux invités, rien à voir avec le grenier de mon enfance : cette robe qui me faisait tant rêver, s'est envolée.
Je me retourne je regarde mes filles à leur tour déguisées ... le temps passe, mais les souvenirs restent ...
les rêves sont là pour les refaire vivre.
Amusez-vous mes filles, et surtout, ne vous empêchez jamais de rêver.