Il était enfin arrivé...devant la cabane où elles l'avaient déposées.
Il entra d'un pas hésitant dans le lieu sombre et poussièreux...
Un vieil homme s'avança vers lui un livre à la main et lui demanda : "Existe-elle vraiment cette déesse des legendes?"
Il lui répondit : " Je ne sais plus... de qui parlez-vous?"
"Alors c'est qu'elle existe" répondit le vieil homme en souriant.
Il poursuivit : " Tiens! Prends le livre et tu comprendras!"
Alors l'amnésique se mit à lire ses mémoires, et en les relisant, il lui sembla que la pièce s'emplissait d'une odeur de jasmin...
Après quelques pages il lu a voix haute cette phrase : " Je vais rencontrer la femme à la tête vide..."
Il se tourna vers le vieil homme et lui demanda : " La femme à la tête vide?"
Le vieil homme lui répondit en désignant le livre : " Continue à lire, suis le parcours, elle est là..."
Il reprit donc sa lecture.
Apparemment, il l'avait oulbiée, et pourtant couchée sur le papier, elle était décrite lascive, la bouche pourpre et sensuelle, un corps félin souple et ondulant sous ses doigts. Il l'avait imaginée comme cela.
Relisant ces lignes, il parcourait son corps dans un massage sans fin.
Pourquoi avait-il fallu qu'il écrive cela et pourquoi avait-il demandé au vieil homme de garder ses mémoires?
Semblant deviner ses questions le vieil homme le regarda d'un oeil malicieux et lui raconta...
Les femmes fellah t'ont recueilli dans le désert près d'un oasis de verdure. La femme à la tête vide t'a fait déposer là.
L'amnésique le regarda intrigué. "Qui?" demanda-t-il.
Le vieil homme répondit : "Elle, la déesse"
"Mais pourquoi?" questionna-t-il à nouveau.
Alors il lui dit ceci :" Elle est belle plus que tu ne saurais t'en souvenir, mais elle a la tête vide. Elle t'a laissé dans le désert de l'oubli."
L'amnésique questionna encore :" Mais qu'ai-je fait pour cela?"
Le vieil homme les yeux perdus répondit :" Tu l'as rencontrée et tu l'as aimée comme moi, il y a longtemps, sans doute. Tu l'as aimée mais sa tête restera vide. C'est son désir. Elle restera vide de chagrin, vide de questions sans réponses, vide d'attente et vide de souffrance. Elle t'a oubliée, comme elle m'a oubliée, et ainsi elle t'a donné ce qu'elle avait de plus précieux ; le vide. Aucun retour possible, une chance immense d'éviter la souffrance espérait-elle. Mais tu as désobéi, tu as noté tes désirs sur ces pages comme je l'avais fait. Pourquoi as-tu voulu faire cela?"
L'amnésique lui répondit : "J'ai trouvé ceci dans la poche de mon gilet". Alors le vieil homme prit le papier aux senteurs de jasmin et lu ce que la déesse avait écrit : "Le vide est la véritable souffrance".
Le vieil homme leva les yeux et lui répondit en souriant : " Tu partiras demain avec les femmes fellah, elles te guideront jusqu'à l'oasis".