La tête vide, complètement, s'en était absurde.
Dans mon cabinet de travail, au milieu d'un joyeux bric à brac, j'essaye de me remémorer des images pour servir de toiles de fond à mes fantasmes.
En fait je rentre chez les gens par effraction selon l'inspiration du moment, juste avec mes images.
Je visite des salles de bains et j'inventorie le contenu des armoires.
Je mets mon nez partout, captant les parfums et les textures d'une vie.
Mes fantasmes se conforment à des scénarios bien ciblés. Je fouille une commode
et je vole un ensemble culotte soutien-gorge. L'odeur des sous-vêtements a quelque chose de
sensuel.
La
mémoire est capable de te jouer des tours extraordinaires.
Ce
parcours dans les étoffes me permet de dessiner des détails impudiques.
Ces petits détails commencent à s'accumuler et remplissent ma banque d'images.
Des lits défaits. Des draps repoussés.Un oreiller froissé.
Sensations tactiles.
Une odeur de chaleur à peine enfouie.
Un vêtement jeté au pied du lit.
Un grand désordre.
Ma tête est trop pleine.
Je me lève. Je marche. Je tremble.
Mais j'éprouve un besoin obsessionnel de bouger.
Je me fais peur à force de piller sans peur des univers intimes.
J'écoute ma tête. J'écoute les bruits qui arrivent de l'extérieur.
Je retourne sur mes pas.
Je retrouve mon bureau.
Chasse à grands coups de balais mes peurs.
Sur mon bureau, il y a une photo. Un portrait d'elle qui pose.
Un
retour à la vie.
Nous sommes dans une toute petite chambre. Sur une commode une lampe à l'abat-jour brûlé, des babioles, un pot de crème hydratante ouvert.
Les hirondelles n'en finissent pas de voler. traces noires dans le ciel d'azur.
Une larme.
Je me retourne. Elle est là sur le lit, couchée sur le ventre, elle lit.
Elle porte des jean's et rien au dessus. Les épaules rondes et chaudes, des cheveux courts, mèches folles sur son front.
Nous sommes au cur de l'été.
Elle est appuyée sur ses coudes le menton dans de ses mains.
Elle me regarde. Son regard ne triche pas.
J'ai le cur qui bat la chamade.
J'ai envie de lui dire
Elle parlera avant moi.
"Toi qui est là, prend le pot de crème et fais moi ce
massage que tu m'avais promis !!!"
Je ne lésinai pas sur la tendresse.
C'est cette photo mon retour à la vie .