...un sujet qui n'a pas sa place ici... pas de titre grandiloquent ni racoleur... pas d'effets de manches... rien de sensationnel... juste un peu "d'humain" et c'est tout ...
...un sujet qui s'autodétruira dans le même temps que j'ai mis à l'écrire...
Je suis du Nord comme on est de "là-bas" ... belge, mais proche du Nord de la France, de ses usines textiles, de ses monstres métallurgiques, de ses terrils et de ses carreaux de mines désaffectées... de ses petites maisons alignées et ratatinées qui puent le chômage à s'en boucher le nez...
Amoureux aussi de ces gens chez qui il y a toujours du café et des tartines pour le visiteur attardé ou perdu dans le dédale des corons, vestiges d'un siècle qui n'en finit pas de crever...
Amateur de ces "bistrots du Nord" ou le Picon cotoie le pinard et la bière belge... ou l'on parle du boulot qu'on ne trouve pas ou plus, de la fin du mois qui s'annonce difficile, de la dernière promo d'Auchan, et ou, tout en discutant, on garde un oeil sur la télé qui trône au-dessus du comptoir pour commenter les derniers attentats ou catastrophes...
La semaine dernière, j'étais dans un de ces lieux déjà condamnés par les pelleteuses, ou, parmi quelques tables et chaises en bois la patronne âgée sert encore des picons vin blanc à 0,5 Euro pour les habitués et 1 Euro pour les inconnus...
Les habitués, des gens plutôt âgés pour la plupart, gueules marquées et rires expressifs ... d'anciens ouvriers d'usine, d'anciens ouvriers agricoles, d'anciens mineurs ... dans ce quartier, il n'y a plus que des anciens d'ailleurs, les "nouveaux" ont été voir ailleurs, là ou il y a l'eau chaude qui sort du robinet et une salle de bains pour la famille... et un garage pour la bagnole !
Oubliée la terre battue et les "courées" toutes droites sorties de Germinal ... on veut du clinquant, du futile, de l'agréable immédiat et pas cher, du plaisir qu'on revendique comme un droit... et comme je les comprend... je suis comme eux !
Dans le bistrot, un brouhaha sympathique enluminé de la fumée bleue des cigarettes qu'on roule sur le coin du comptoir... ça discute, ça gueule un peu, parfois...
A la télé, soudain, un reportage sur la fermeture de la dernière mine française ... des images de gueules noires remontant du fond, des ascenseurs qui descendent dans la nuit ... la patronne monte le son ... et un silence s'installe sans qu'on l'y ait invité ... les regards se tournent vers l'écran ... le silence est pesant, uniquement rompu par la voix du journaliste et une musique de fond de circonstance...(normal la musique de fond pour un reportage sur la mine...)
Les visages sont graves et je les dévisage sans qu'ils le sachent... un peu curieux, un peu voyeur aussi ! C'est que c'est une partie de leur vie qui fout le camp, qui se taille en traître, qui disparait à tout jamais... pour certains, c'est leur fierté qui se tire en douce... pour d'autres, c'est leur gagne-pain, la paie qu'on ramenait le vendredi soir...
Ce sont "des hommes" et "les hommes" ne pleurent pas ... je surprend simplement quelques mouchoirs qui font le passe-passe entre le nez, les yeux et la poche ... ça doit être le pollen ... on est en plein dans la saison... du pollen !
Tiens, moi aussi, ça me prend ... putain de pollen va !!!