Mission impossible
Marre de ce boulot, vraiment marre!
Je venais une fois de plus de me prendre un savon alors que je ne n'avais pris aucune des décisions qui nous avaient amenés là!
Ce n'était pas de ma faute si ce vaisseau qui croisait dans l'espace depuis exactement 181 jours ce lundi n'avait pas été conçu pour des missions aussi longues!
Et nous étions ici comme des imbéciles en attendant que des ingénieurs somptueusement payés à ne rien foutre veuillent bien se donner la peine
de réécrire les "
strings" foutus dès l'origine comme l'as de pique! Comme s'il avait été impossible de vérifier tout ça avant d'expédier l'engin...
Nous étions positionnés comme
satellite de Jupiter afin de servir de
répétiteur pour relayer vers la terre les communications en provenance
de vaisseaux croisant aux confins du système solaire.
Résultat: certaines communications étaient "polluées" par des interférences venues d'on ne sait où! Les logiciels utilisés dans les filtres
devaient sortir tout droit des labos de Seattle!
Comme si cette tâche n'avait pas pu être confiée à un engin automatique...
Ne me restait plus qu'à essayer de penser à des souvenirs plus agréables pour m'évader de cet endroit!
Ce n'était pas ce qui me manquait les souvenirs agréables...
Mais bon, je ne recommencerai pas la bêtise de partir nous geler en Irlande comme l'année dernière: croyant faire plaisir à mon amie, je l'avais
emmenée passer quelques jours à
Dublin où, mis à part la musique pour elle et les pubs pour moi, nous n'avions pas pu profiter de la campagne
vu le temps à coucher dehors!
Cette fois, ce serait droit vers le sud: un bateau partant le soir de Marseille qui nous amènerait à l'
aurore devant Ajaccio, nous permettant,
une heure avant d'arriver à quai, de sentir toutes les odeurs du maquis en admirant une cote de rêve faite rochers tourmentés à la couleur pourpre
alternant avec de petites criques désertes au sable fin et blond qu'une mer turquoise venait nonchalamment caresser...
La
veille, quand je lui avais annoncé ce projet, j'ai bien cru qu'elle allait faire sauter les haut-parleurs tellement elle avait manifesté sa joie!
Il faut bien admettre que le ciel de Normandie, où elle attendait mon retour, expliquait son envie de chaleur et de lumière!
Pour moi, la couleur des ses yeux verts me regardant tendrement suffisait à me transporter au paradis!
C'était curieux, tout de même: moi qui, gamin, avait rêvé de me promener dans les étoiles, j'aurais dû être comblé!
Mais non, je préférais maintenant le bonheur d'être à ses cotés, sa main dans la mienne, à l'écouter ronronner comme l'adorable chaton qu'elle était!