Je pense souvent au bijou que tu portais ce soir-là ... un petit "ras-du-cou" charmant en argent agrémenté d'un brillant en forme d'étoile mystérieuse et obsédante...
Il semblait couler sur ta peau au moindre mouvement, partageant ton corps d'une frontière scintillante...
Je me souviendrai longtemps de la lueur que je vis dans tes yeux quand, prenant ta main, j'y avais glissé cet écrin enrubanné de tant d'amour et d'espérance...
Nous marchions au bord du lac et dans le lointain, le chateau dessinait ses contours harmonieux dans les dernières lueurs du crépuscule...
Ta main était mienne, mais je savais que ton coeur était ailleurs, chancelant ivre de douleur et de souffrance, errant à jamais sur ce champ de bataille ou périt ton Amour dans la fureur, la violence et le fracas des armes qui meurtrirent son corps tant aimé...
Les larmes de sang que tu versas ce jour-là restèrent gravés dans la mémoire de la grande pierre qui borde le chemin des Collines, serment inaltérable et inaliénable de ce que furent ta passion et ton amour pour ce preux et jeune chevalier...
Le temps semblait flotter au-dessus de nos âmes ... le silence ne fut rompu que par le son d'une flûte lointaine venant de par-delà les rives du lac...
Tu te retournas vers moi ... m'effleuras la joue d'un baiser tendre et prude et avanças vers l'onde mystérieuse ou tu t'immergeas sans te retourner...
Longtemps, tes longs cheveux noirs flottèrent à la surface de l'eau, accompagnant les vaguelettes de mouvements langoureux ... et puis, le silence ... et puis, l'absence ...et puis, plus rien...
La lune accompagnait la nuit tombante et un reflet cristallin dans les herbes folles attira mon attention...
Des larmes de rosée pensais-je !!!
Je suis souvent revenu au bord de ce lac, boussole en main, tenant de repérer l'endroit exact ou tu t'étais évanouie pour toujours ...
Je suis vieux à présent et mon corps meurtri ne me permet plus de longues pérégrinations ... je crois bien que ce sera mon dernier voyage en ces lieux...
Je sursautai ! Une voix se fit entendre derrière moi : "c'est vous l'archéologue ???" - je me retournai aussitôt pour me trouver face à un jeune homme simplement vêtu d'une toge ... il me souriait ... il me tendit la main et me dit d'une voix douce : "Venez, le moment est venu ! ... Hélène vous attend !" ...
Les oiseaux vous diront combien ce jour était radieux, prometteur et générateur d'ondes cosmiques impalpables ... ils en parlent encore aujourd'hui.... pour les entendre, il suffit de tendre votre coeur ...