Les draps glissent lentement au pied du lit, comme la brume se retirant de la Seine. Le sifflement de la bouilloire, long comme un étirement, agace jusqu'à faire se lever. C'est un supplice infligé à soi-même mais au souvenir vite effacé par le parfum épais des viennoiseries encore chaudes.
Un matin, une nouvelle journée d'été qui s'apprête. Les fenêtres entrouvertes laissent filtrer l'air encore tiède de la nuit, doux comme un soupir de soie effleurant les genoux. Une pensée, un sourire et la pluie froide de la douche, quelques pas de danse esquissés les pieds dans la mousse. Il est tôt et le réveil n'a pas sonné. Il reste, joujou inutile, dés½uvré sur la table de chevet au milieu de reliefs de poussière.
Les secondes deviennent minutes, entouré d'une serviette éponge à regarder la course du soleil derrière les vitres. Le temps ne décompte plus les heures. Il a été balayé avec les dernières miettes dorées de la table en chêne. Il sera peut-être temps quand la rosée --- perles montées en bijoux sur les lames vertes saillant des jardinières --- se sera évaporée...
Mais le temps de quoi ? De se sécher, de s'habiller et se hâter ? Pour sortir, descendre et se tendre, pour se rendre au travail ? Non ! Cela sera celui de se laisser aller, avec nonchalance, à lancer quelques cailloux, glanés au fil d'une promenade matinale, dans l'eau paisible.
Surtout ne se préoccuper de rien, juste de la cuisson du chou pour la potée du soir. Rencontrer des amis, parler et rire, rarement pleurer. Se souvenir et trinquer. Se séparer à la lueur douce des braises. Se dire au revoir quand chassent les hiboux.
Cela pourrait être...