Pierrou a dit:
bon, OK, je vous donne jusqu'à mercredi :love:
( tain je suis trop bon, je vous dis )
Pierrou a dit:
tu me lècheras les pieds mercredi :rateau:
Pierrou a dit:
Bon alors; le nouveau sujet en direct d'un vieux PC de merde ( pléonasme ) du lycée bergson :rateau:
bon donc le thème :
Le bad trip
- stroboscopes
- régurgitation
- paranoïa
- dichotomie ( suggéré par un ami machiavélique
)
- tractopelle
voilà voilà.... on dit un délai de deux semaines et demie ???
A vos stylos, crayons, compas, claviers, doigts, ou ce que vous voulez
et que le meilleur tombe le futal !!!!! :rateau:
Les néons roses et verts de l'entrée de la boîte de nuit éclairaient par intermittence deux gorilles qui saluaient du menton ou refoulaient des épaules à la tête du client... Paul n'eut pas de difficulté à passer ce cap, et il ne put s'empêcher d'en ressentir une satisfaction orgueilleuse. Ses vêtements élégants et sa montre de luxe lui assuraient généralement l'avis favorable des videurs. D'autant qu'il savait rendre sa démarche assurée, ou du moins donner cette impression. Quand l'alcool n'avait pas encore fait son oeuvre, en tout cas... Le bal venait de s'ouvrir, et l'heure était à distinguer les silhouettes dans la lumière criarde des
stroboscopes...
Les premières gorgées de whisky répondirent à un besoin impérieux, et furent délectables... Il savourait chaque gorgée de scotch, l'avalait lentement et passait sa langue sur son palais pour garder le plus longtemps possible en bouche l'alcool fort qui réchauffait tout son être en diffusant son étonnante douceur de malt... Le goût de fumé et les saveurs salées mêlées d'iode et de tourbe qui se développaient ensuite le transportaient sur les ailes de la félicité, l'emmenant vers des arômes complexes et puissants qui s'achevaient en un final assez sec... Consommer un si bon whisky dans un endroit aussi vulgaire revenait certes à le gâcher, mais commettre un tel sacrilège participait aussi de son plaisir... Le serveur affectait de se faire une joie à remplacer les verres vides par d'autres, pleins. Paul se lassa de ce jeu et commanda une bouteille entière, qu'il vida en moins d'une heure. Puis, vinrent les premières
régurgitations...
Tout n'était qu'argent exhibé de la façon la plus ostentatoire, mais aucune élégance n'avait sa place en ce lieu. Chacun s'affichait, et étalait jusqu'à des liasses entières de gros billets ainsi que Paul en gardait toujours une sur lui, dans la poche avant-gauche de son pantalon... C'était à qui parviendrait le mieux à attirer l'attention, le désir, ou la convoitise... Comme ces hommes et ces femmes qui dansaient face à face, se provoquant, se défiant, et semblant lutter comme s'il se fût agi d'un combat à mort... Tout n'était qu'artifice et duplicité, et Paul ne parvenait déjà plus à voir en ces fringuants pantins des êtres humains... Au-travers des volutes de fumées, mitraillées par de grossiers éclairages clignotants, se dandinaient des formes hystériques qui, dans son esprit fiévreux, devenaient autant d'ennemis potentiels, de démons hirsutes et déchaînés qui le toisaient et se moquaient de lui... Sans doute avant de fondre sur lui de toute part pour le mettre à mort... A peine la deuxième bouteille de whisky fut elle vidée que la phase du pré-délirium tremens prenait fin... Venait alors la
paranoïa, bientôt suivie des premières hallucinations...
Plusieurs fois, il parvint miraculeusement à se lever pour gagner les toilettes à la hâte, et pour y vomir en des spasmes violents qui plus d'une fois manquèrent de l'étouffer... Chaque fois, il revenait s'installer à sa table, et recommençait à boire. Déjà, s'opérait à son insu une totale
dichotomie entre l'endroit dans lequel il avait mis les pieds, et l'enfer dont il était désormais prisonnier et dont il pensait qu'il ne sortirait pas... Il était parti pour un voyage sans retour, et il lui fallait boire encore, autant d'alcool qu'il pourrait encore en absorber... Il lui fallait aller jusqu'au terme de sa chute, et en finir... L'endroit regorgeait désormais de grands animaux sombres, informes et gluants, aux crocs acérés et aux yeux incandescents... Tapis dans chaque recoin, jonchant le sol, les mûrs, et jusqu'au plafond... Son regard était littéralement fou... Il courait... Il tendait devant lui ses bras et les agitait pour se protéger des créatures hideuses qui se ruaient sur lui... Il cria, puis hurla de terreur... Son corps fut roué de coups, mais il ne percevait déjà plus la douleur physique...
Les videurs avaient accompli leur oeuvre, et ne s'inquiétèrent pas du sort de Paul, dont le corps inerte gisait dans des buissons, non loin de l'établissement où la musique ne s'était pas arrêtée, et où l'on continuait à danser.
Paul reprit un semblant de conscience à une heure indéterminée de la journée... Certains s'étaient chargés de le dépouiller, et c'est avec difficulté qu'il parvint à gagner une brasserie... Non pas pour y commander de l'alcool, mais pour supplier qu'on lui donnât de l'eau... Beaucoup d'eau, plus d'un litre, qu'il avala en moins d'une minute... Une fois encore, il se précipita aux toilettes, pour y vomir. De l'eau, en des jets d'une violence qui le surprit lui-même, à tel point qu'il lui semblait que son tube digestif éclatait. Puis vint un nouveau vomissement, mais cette fois-ci il vomissait du sang. En de longs jets vermillons.
L'hématémèse finit par cesser. Paul fut hospitalisé d'urgence, et passa différents examens dont les résultats lui prédisaient un avenir difficile... Mais dans l'immédiat, ses jours n'étaient plus en danger. Il en avait réchappé. Pour cette fois...
Il lui fallut de longues heures pour reprendre vraiment ses esprits...
Le lendemain, sa migraine était telle qu'il avait l'impression d'avoir la tête comme une
tractopelle.