Ti'punch a dit:
La lune est pleine, et c'est une de ces nuits étranges où toute sorte de chose est possible...
Après avoir fait votre balluchon et reglé vos affaires courantes, je vous propose de partir pour
"Un Voyage en Faërie" ... qui sait ce qui vous y attends...
liste des affaires à emporter avec soi:
- tablier d'écume
- un éclat de lune
- rencontrâmes
- mélopée
- la licorne
pensez donc à m'envoyer un récit de vos aventures!
date limite de retour : le 26 fevrier
passation de la plume: le 27
L'appel du large fut le plus fort...
Je ne savais pas où ce voyage me mènerait, ni si j'en reviendrais, mais je savais que rien ne pouvait plus me retenir, et que rien ne serait plus ensuite comme avant...
Enfin, la lune était pleine, et nous larguâmes les amarres...
Sur la terre que nous quittions, nous ne laissions rien. Et notre voilier ne laissait miroiter derrière lui qu'un fragile et éphémère tablier d'écume...
Quelques jours passèrent...
Elle et moi n'étions plus tournés que vers l'espoir de trouver la terre de Faërie.
L'essentiel de nos trésors tenait dans un baluchon, et je n'avais rien d'autre à lui offrir que le reflet d'un éclat de lune. Elle ne demandait pas davantage.
Là-bas, tout deviendrait possible...
Un sentiment que nous confirma la vue d'un rivage accueillant, progressivement dévoilé à nos yeux par une aube naissante...
Elle et moi rencontrâmes toutes sortes de créatures... Des elfes éthérés, des lutins facétieux, et plus de fées que n'en contiennent les contes... Davantage d'animaux fabuleux qu'il nous était possible d'en dénombrer...
La magie avait cours, en cette contrée reculée, et nous n'eûmes de cesse d'explorer jusqu'à la moindre parcelle de cette terre étrange, épousant une vie de nomades, toujours en quête de nouvelles merveilles à découvrir...
Puis nous découvrîmes ce que peuvent faire des trolls, des orques, des dragons et autres monstres... De barbares, des guerriers aussi... Secondés par les sorciers les plus puissants et le plus maléfiques... Il se passa alors des jours, des semaines et des mois sans que nous ne vîmes plus que des villages ravagés, jonchés de cadavres, comme l'étaient aussi ces champs de bataille, où continuaient de s'entre-tuer des charognards longtemps après que les derniers combattants en armes eurent fini d'agoniser...
Nous n'aurions donc jamais plus d'autre horizon que des ruines succédant à d'autres ruines, jonchées de corps démembrés, éparpillés, macérant dans du sang caillé, et exhalant toutes sortes d'odeurs plus pestilentielles les unes que les autres... La magie noire l'emportait, les sortilèges n'avaient plus d'autres buts que d'amplifier et de prolonger indéfiniment l'horreur des guerres...
Bientôt il sembla que toute la contrée avait achevé de se dépeupler en créatures de toutes sortes, si bien qu'il devint rare d'apercevoir même l'animal le plus banal. C'est à peine s'il nous arrivait de croiser encore un griffon ça et là... Faërie ne ressemblait plus qu'à un interminable désert.
Elle et moi n'aurions donc parcouru tout ce chemin que pour nous retrouver seuls, perdus dans un monde hostile qui faisait de notre simple survie un défi de tous les instants?...
La seule voix de fée que nous entendîmes en ces jours sombres ne raisonnait plus que de la douleur d'une triste mélopée...
Un temps infini semblait s'être écoulé...
Notre errance semblait ne pas devoir finir.
Puis, nous aperçûmes au loin, au bord d'une rivière, une silhouette blanche pareille à celle d'un cheval, mais avec une tête terminée par une longue corne en torsade dorée... Ellianne et moi marchâmes longtemps vers le splendide animal...
J'avais renoncé à tout pour le bonheur d'une fée. J'avais voyagé avec elle jusqu'à la contrée secrète où elle était née, et le spectacle de cet animal fabuleux s'abreuvant à l'eau vive d'une rivière devait sans doute conclure notre périple par une dernière vision paisible.
Nous étions avec lui, et passions nos mains dans sa crinière, et sur sa longue corne...
Puis, brusquement, et presque sans bruit, l'animal s'enfuit et ne reparut jamais...
En me tournant vers Ellianne, je manquai de ne pas la reconnaître... Ses oreilles n'était plus pointues, et elles semblaient moins grandes... Je n'en crûs ni mes yeux, ni mes mains, mais ses ailes avaient disparu... Et elle m'avoua n'avoir plus la conscience du moindre de ses pouvoirs magiques, pas même le plus dérisoire...
Dans ce monde désolé où nous nous retrouvions livrés à nous mêmes, Ellianne avait cessé d'être une fée, et était devenue une femme.
Je compris alors quel prodige avait accomplit la licorne...