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En 1826, les Britanniques infligent une défaite militaire au roi Asantehene à Doudoua. À Istanbul, le sultan Mahmud II ordonne le massacre des janissaires révoltés, tandis qu'en Espagne, à Valence, on s'apprête — triste ironie du sort — à pendre un prêtre au dernier gibet de la Sainte Inquisition.
Cette année, Gustave Moreau et Carlo Collodi, deux enchanteurs, sont nés. Carl Maria von Weber (prononcer « vèbre »
est mort d'une tuberculose à Londres, où l'on a donné son
Oberon à Covent Garden. René Laennec meurt dans son manoir des environs de Douarnenez.
À dix-huit cent vingt-six pas d'ici se trouve la maison de mon enfance, avec sa cour pavée, ses jardinières et ses vieux murs humides. Là, au milieu des cartons d'emballage de la papeterie, il y eut de grandes batailles aux tués innombrables, des châteaux merveilleux, des forêts mystérieuses et d'infinies prairies. On n'y pendit personne, mais je ne jurerais pas que le noir Asantehene n'y ait jamais croisé le chef Cochise ou qu'en route vers la lune, mes fusées ne se soit arrêtées à mi-chemin pour saluer le dieu des morts.
Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler.
À dix-huit cent jours d'ici, au-delà de la ceinture d'astéroïdes, la grande Jupiter contemple de son unique œil rouge l'infini désolé du firmament désert. Elle roule ses billes autour du chaud soleil, comme les effarés se réchauffant le cul à la gueule du soupirail, pauvres jésus au vent d'hiver.
À dix-huit cent jours d'ici, de la mémoire, une vieille femme, laide et grasse, attend toujours sur le pallier que quelqu'un passe.