et avec la tête ? v2

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Une personne se promène seule lors d'une nuit d'été, avant de faire une rencontre inattendue. Plus précisément, il marche dans la ville, dans sa ville. Oui, ce sera "il". C'est un homme, disons.
Sa montre donne une heure approximative. L'heure de la nuit. Celle des songes aussi.
Et la rencontre ? La rencontre se fait dans une rue. Une rue déserte à cet instant. Elle a accueilli le fracas des pas le jour et reste pour la nuit hébétée des lumières des réverbères, sous le ciel de jais. Les vitrines sombres lui renvoient son image. L'image de cette rue, ainsi que celle de cet homme qui la parcourt.
La voilà, cette rencontre. L'homme se croise. Il croise son image. Un lui vivant, déformé dans cette vitrine.
"Qui es-tu ?
- Je suis toi !
- Mais, non ! Regarde-toi ! Tu n'es que mon reflet dans ce verre.
- Oui, mais je suis toi. Ton image-miroir, ton énantiomère.
- Mon quoi ?!?
- L'autre toi. Celui qui se reflète dans cette vitrine. Qui en parallèle te suit. Toi à part entière. Mais ce reflet uniquement aussi. Pour cet instant...
- Mais tu es un monstre ?
- Non, je ne le suis pas plus que toi. Puisque tu es moi. Ni un ange non plus. Sûrement pas gardien, je ne fais qu'être là, pendant ce moment où tu te tiens là. Où tu me reflètes et me donnes vie."
L'homme se regarde éberlué, lui et son image. Il essaye de rassembler ses idées vaporeuses, tout en contemplant cet autre.
Alors, un bruit dans la rue. Une poubelle qui se renverse, un chat qui miaule, un volet qui claque. Quelque chose comme ça. Simplement un bruit de rue à cette heure.
Trop tard ! L'homme s'est retourné. Quand il fait face à nouveau à la vitrine, il ne voit plus que lui. Il est seul. Quelques instants il se contemple, puis repart.
 
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Réactions: Cillian et Human-Fly
Très beau Lumai, j'aime beaucoup.... :love:
:up:
 
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Réactions: lumai
Cette journée avait été longue, très longue. Lola avait travaillé dur pour obtenir ce contrat, mais elle y était enfin parvenue et il se trouvait maintenant sur le bureau de son patron, signé. Lola se sentait enfin libérée.
La soirée était idéale à tous points de vue : la liberté retrouvée, le plaisir de pouvoir retirer sa montre et de vivre sans contraintes, pendant quelques jours. Le ciel aussi s'était calmé. Après une semaine d'orage, il était à nouveau sans nuages.
La Promenade des Anglais appelait Lola qui prenait l'air à la fenêtre de sa chambre d'hôtel.

Nice. C'était un peu un retour aux sources. Le seul endroit qui avait vu sa famille réunie, avant qu'il ne s'en aille. Cela faisait plus de vingt ans et pourtant Lola sentait toujours ce vide. Car même si elle ne l'avait pas connu, son père lui manquait. Et dans cette ville, celle de son départ, ce vide grandissait.

Seul le bruit de quelques voitures venait troubler la quiétude de cet instant. Assise sur un banc, Lola se posait encore et encore les mêmes questions. Cet homme était-il un monstre pour les avoir abandonnés ainsi ? Le reverrait-elle un jour ? Et ce vide, ce manque, serait-il toujours là ?

De retour à l'hôtel, Lola fût interpellée par une femme. Le visage de Lola lui était familier... s'étaient-elles déjà rencontrées ? Non, Lola s'en souviendrait... Alors peut-être... c'était un folle idée, mais peut-être Lola était la fille de... Oui, oui elle l'était... Alors elle devait lui transmettre toute les amitiés de cette femme qui se souvenait comme si c'était hier de toutes leurs conversations sur la littérature, sur la vie, de cet homme si charmant...

S'il avait été un monstre, personne n'aurait voulu se souvenir de lui... on l'aurait oublié. Cette femme l'avait décrit comme quelqu'un de bien, pas un ange, pas un monstre, mais quelqu'un de bien.
C'est cette rencontre qui convainquit Lola de le rechercher, de le retrouver.
 
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lumai a dit:
Une personne se promène seule lors d'une nuit d'été, avant de faire une rencontre inattendue. Plus précisément, il marche dans la ville, dans sa ville. Oui, ce sera "il". C'est un homme, disons.
Sa montre donne une heure approximative. L'heure de la nuit. Celle des songes aussi.
Et la rencontre ? La rencontre se fait dans une rue. Une rue déserte à cet instant. Elle a accueilli le fracas des pas le jour et reste pour la nuit hébétée des lumières des réverbères, sous le ciel de jais. Les vitrines sombres lui renvoient son image. L'image de cette rue, ainsi que celle de cet homme qui la parcourt.
La voilà, cette rencontre. L'homme se croise. Il croise son image. Un lui vivant, déformé dans cette vitrine.
"Qui es-tu ?
- Je suis toi !
- Mais, non ! Regarde-toi ! Tu n'es que mon reflet dans ce verre.
- Oui, mais je suis toi. Ton image-miroir, ton énantiomère.
- Mon quoi ?!?
- L'autre toi. Celui qui se reflète dans cette vitrine. Qui en parallèle te suit. Toi à part entière. Mais ce reflet uniquement aussi. Pour cet instant...
- Mais tu es un monstre ?
- Non, je ne le suis pas plus que toi. Puisque tu es moi. Ni un ange non plus. Sûrement pas gardien, je ne fais qu'être là, pendant ce moment où tu te tiens là. Où tu me reflètes et me donnes vie."
L'homme se regarde éberlué, lui et son image. Il essaye de rassembler ses idées vaporeuses, tout en contemplant cet autre.
Alors, un bruit dans la rue. Une poubelle qui se renverse, un chat qui miaule, un volet qui claque. Quelque chose comme ça. Simplement un bruit de rue à cette heure.
Trop tard ! L'homme s'est retourné. Quand il fait face à nouveau à la vitrine, il ne voit plus que lui. Il est seul. Quelques instants il se contemple, puis repart.

Très beau texte, Lumaï. :love:
D'autant que l'idée d'une rencontre inattendue avec soi-même est riche, originale, et fort bien développée. :zen:
Et j'aime beaucoup le parfum de mystère de ton récit... :)
 
iNano a dit:
Cette journée avait été longue, très longue. Lola avait travaillé dur pour obtenir ce contrat, mais elle y était enfin parvenue et il se trouvait maintenant sur le bureau de son patron, signé. Lola se sentait enfin libérée.
La soirée était idéale à tous points de vue : la liberté retrouvée, le plaisir de pouvoir retirer sa montre et de vivre sans contraintes, pendant quelques jours. Le ciel aussi s'était calmé. Après une semaine d'orage, il était à nouveau sans nuages.
La Promenade des Anglais appelait Lola qui prenait l'air à la fenêtre de sa chambre d'hôtel.

Nice. C'était un peu un retour aux sources. Le seul endroit qui avait vu sa famille réunie, avant qu'il ne s'en aille. Cela faisait plus de vingt ans et pourtant Lola sentait toujours ce vide. Car même si elle ne l'avait pas connu, son père lui manquait. Et dans cette ville, celle de son départ, ce vide grandissait.

Seul le bruit de quelques voitures venait troubler la quiétude de cet instant. Assise sur un banc, Lola se posait encore et encore les mêmes questions. Cet homme était-il un monstre pour les avoir abandonnés ainsi ? Le reverrait-elle un jour ? Et ce vide, ce manque, serait-il toujours là ?

De retour à l'hôtel, Lola fût interpellée par une femme. Le visage de Lola lui était familier... s'étaient-elles déjà rencontrées ? Non, Lola s'en souviendrait... Alors peut-être... c'était un folle idée, mais peut-être Lola était la fille de... Oui, oui elle l'était... Alors elle devait lui transmettre toute les amitiés de cette femme qui se souvenait comme si c'était hier de toutes leurs conversations sur la littérature, sur la vie, de cet homme si charmant...

S'il avait été un monstre, personne n'aurait voulu se souvenir de lui... on l'aurait oublié. Cette femme l'avait décrit comme quelqu'un de bien, pas un ange, pas un monstre, mais quelqu'un de bien.
C'est cette rencontre qui convainquit Lola de le rechercher, de le retrouver.


Excellente contribution aussi, iNano. :up:
J'aime beaucoup la rencontre entre ces deux femmes. De même que la quête inattendue du personnage féminin principal.
D'un certain point de vue, ses interrogations sur sa filiation font écho au texte de Lumaï, qui nous proposait lui aussi une réflexion sur la question de l'identité.

Enfin, c'est comme ça que je vois les choses, mais peut-être ne vous retrouverez-vous pas toutes les deux dans mes commentaires de vos textes... :siffle: :rateau:
 
J'ai pris une décision.

Il y en a ici des concurrent(e)s que j'aimerais bien bouler en vert... Mais je ne le ferai pas pour le moment. :zen:
Si je boule verte une personne pour sa contribution, elle va penser qu'elle aura alors gagné, alors que ce ne sera pas nécessairement le cas. :D

Je vais donc attendre de désigner une gagnante ou un gagnant le 1er septembre. Et je sais d'ores et déjà que la qualité des actuelles contributions va me rendre la tâche ardue... :rateau:
Les choses vont encore se compliquer avec d'autres talentueux -et fort sympathiques- intervenants qui m'ont dit en privé qu'ils allaient sans doute participer...
Je sens que mon choix sera cornélien... :D

Une fois la gagnante ou le gagnant désigné(e), je boulerai en vert chaque personne dont le texte m'aura plu. :zen:
 
Et les pots de vin ? Tu acceptes ?
Parce que fut un temps par ici... :siffle:
Enfin pour certains ce n'était que pour obtenir des délais ! :D
 
« Les appétits naissent souvent
quand la lune luit, dévoilée.
Alors se laissent aller
en passion quelques sentiments. »

C. de Moy

C’est elle, c’est forcément elle. Qui d'autre peut se promener ainsi dans les nuit chaudes et épaisses de ce foireux été ? Que faire ? Courir après-elle ? Elle va s'effrayer, c'est sûr. Me prendre pour un monstre en maraude. Elle va hurler et tuer ainsi tout soupçon de magie. Cependant, en m'approchant discrètement, jusqu'à lui demander l'heure. En même temps, même d'ici on peut se rendre compte qu'elle n'a pas de montre. Que dois-je faire ? D'abord me calmer. Mon souffle, pourtant si court, fait un bruit qui me semble déchirer la nuit. Je pose mes mains sur la pierre chaude, immédiatement humide de la moiteur de mes mains. Un ange passe ou bien était-ce un hibou. Bref soupir pour ponctuer ce rêve.

Je la devine encore, presque immobile. Faute de mieux je la poursuis de mon regard. Elle est si douce, si ronde. Toutes les heures perdues à errer sous le ciel noir de juillet trouvent leur sens dans cette rencontre. Accoudé aux ruines de l'abbaye, mes yeux secs de ne pas cligner de peur de la perdre, je la vois poser un pied léger, blanc, dans les eaux de l'étang. Elle est nue, elle fend les eaux noires de son ventre.

Je m'approche longtemps sans jamais la rejoindre. Des gouttes de sueur labourent mon dos. Je frissonne. Enfin elle se retourne, et me dis « viens ».

Je pars.

Ce n'était pas elle. tant pis, une prochaine nuit peut être.
 
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Réactions: lumai et Human-Fly
lumai a dit:
Et les pots de vin ? Tu acceptes ?
Parce que fut un temps par ici... :siffle:
Enfin pour certains ce n'était que pour obtenir des délais ! :D


C'que les gens peuvent être mauvaises langues ! :rolleyes:
 
Nephou a dit:
« Les appétits naissent souvent
quand la lune luit, dévoilée.
Alors se laissent aller
en passion quelques sentiments. »

C. de Moy

C’est elle, c’est forcément elle. Qui d'autre peut se promener ainsi dans les nuit chaudes et épaisses de ce foireux été ? Que faire ? Courir après-elle ? Elle va s'effrayer, c'est sûr. Me prendre pour un monstre en maraude. Elle va hurler et tuer ainsi tout soupçon de magie. Cependant, en m'approchant discrètement, jusqu'à lui demander l'heure. En même temps, même d'ici on peut se rendre compte qu'elle n'a pas de montre. Que dois-je faire ? D'abord me calmer. Mon souffle, pourtant si court, fait un bruit qui me semble déchirer la nuit. Je pose mes mains sur la pierre chaude, immédiatement humide de la moiteur de mes mains. Un ange passe ou bien était-ce un hibou. Bref soupir pour ponctuer ce rêve.

Je la devine encore, presque immobile. Faute de mieux je la poursuis de mon regard. Elle est si douce, si ronde. Toutes les heures perdues à errer sous le ciel noir de juillet trouvent leur sens dans cette rencontre. Accoudé aux ruines de l'abbaye, mes yeux secs de ne pas cligner de peur de la perdre, je la vois poser un pied léger, blanc, dans les eaux de l'étang. Elle est nue, elle fend les eaux noires de son ventre.

Je m'approche longtemps sans jamais la rejoindre. Des gouttes de sueur labourent mon dos. Je frissonne. Enfin elle se retourne, et me dis « viens ».

Je pars.

Ce n'était pas elle. tant pis, une prochaine nuit peut être.


Une vraie poésie, dans ce récit fort plaisant... :zen:
Un bien joli texte, et un vrai talent pour l'écriture, manifestement... :)

Décidément, je sens que je vais avoir du mal à choisir... :rateau:
 
lumai a dit:
Et les pots de vin ? Tu acceptes ?
Parce que fut un temps par ici... :siffle:
Enfin pour certains ce n'était que pour obtenir des délais ! :D

Ah ça non, je ne mange pas de ce pain-là, moi!... :o Je suis incorruptible!
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Ceci dit, j'accepte toutes sortes de dons, mais je ne promets rien en échange!... :p
 
Roberto Vendez a dit:
Au milieu de ce qui lui paraissait une détresse mais qui était en fait une bien confortable contariété, le jeune homme blessé tenta de mettre ses sentiments en mots, en relevant sur son front la mèche qui l'agaçait.
Il était malheureux, houlà.
Assis grimaçant devant l'écran de son ordinateur dont l'écran illuminait seul la pièce, il entreprit donc d'écrire un poème qui s'avéra fort médiocre.
A la quatrième relecture il soupira de dépit, jugeant irrémédiablement mauvaises ces lignes qu'il aurait désiré mystérieuses attirantes orientales et pleines de sens cachés, alors qu'au final elle s'avéraient à peine du niveau d'une déprime égocentrique adolescente.
Et encore, une déprime passagère.

En panne d'inspiration, le jeune homme qui n'en restait pas moins blessé se leva et entreprit en se lamentant toujours sur lui-même de donner à manger à son chat, lequel se précipita pour s'enrouler à ses jambes, devinant bien les intentions bienveillantes à son égard du jeune homme blessé.
Puis il se rongea un ongle distraitement et s'exclama face au chat qui engloutissait sa malodorante pâté de luxe que son histoire était d'une effrayante banalité.
"C'est même pas "mon" histoire ! gémit-il. Cette histoire n'est qu'une partie de ma vie, une minuscule partie absolument banale de ma vie qui est et restera d'une absolue banalité !!"

Soulagé de cette prise de conscience, même si elle était d'une cruelle lucidité, le jeune homme ouvrit la fenêtre et regarda le ciel d'été.
Il aurait aimé avoir un sentiment fort et physique, genre envie de vomir.
Il était temps d'essayer de faire quelque chose de cette soirée avant qu'elle ne devienne une soirée à la con.
Il soupira donc en consultant sa montre, comblant le malaise dans lequel il trainait par le souvenir de ses potes lui parlant d'un bar vendredi soir.
"C'était quoi comme bar ?" demanda t-il au chat qui le rejoignait sans bruit.
Le chat n'en savait rien.

Quitte à passer une soirée banale au milieu d'une vie banale pleine de pseudos-douleurs moelleuses, autant y aller à fond et aller boire un verre avec des potes.
Il éteignit la chaine qui diffusait un CD piraté de Ange, attrapa sa veste joliment froissée et sortit après avoir gratouillé le chat.

Dans la rue il se trouva d'une effrayante normalité : tout le monde se promenait c'était l'été personne ne regardait la télé, c'était affreux.
Le jeune homme blessé adorait l'hiver et la solitude préoccupante de la buée s'exhalant de sa bouche.
Il se rendit dans le bar où il pensait trouver ses potes et ses potes étaient là, quoi de plus naturel en fait ? Rien.
Il souria peu à l'assemblée qui trouvait du charme à son air profond et à sa mine inquiète, et fut assommé de constater qu'il y avait trois personnes qu'il ne connaissait pas : il allait falloir paraître s'intéresser un minimum à des vies qui ne le concernaient pas et qui n'allaient sans doute pas réserver de surprises notables, des trucs susceptibles de lui faire lever un sourcil, de le tirer de l'apathie morne de cette soirée sans éclat.
Il se préta donc de mauvaise grâce au jeu social qui veut que l'on prête attention à ses contemporains dès lors qu'ils vous sont présentés par des proches, et par là même supposés être dignes d'intérêt.
Deux étudiantes, un commercial, et une nana dont il n'avait pas compris la profession.

La soirée s'étira il se concentra sur la déco du bar, laquelle n'offrait rien qui put offrir quelque intérêt : une décoration faussement chaleureuse d'un bar sans âme. Il soupirait souvent et s'ennuyait mollement sans parvenir à se décider à faire quelque chose d'autres genre rentrer chez lui.
Je nage dans le vide sans aspérités de ma vie tiède, se dit-il, ce qui était somme toute bien meilleur que tout le poème qu'il avait essayé d'écrire pour l'envoyer par mel à cette conne.
Il allait s'appréter à prendre congé quand un de ses potes soumit à l'assistance l'idée d'aller au cinéma.
Il venait de sortir en salle un de ces films anglais tragique et drôle dont les résonnances sociales prétaient à s'émouvoir, et qui avait déjà un succès monstre.
Le jeune homme était trop blessé pour avoir le moins du monde envie d'aller se changer les idées au cinéma, et puis c'était l'été merde !
La fille dont il n'avait pas pigé le métier s'exclama avec enthousiasme que c'était une "super-idée".
Il la regarda en soupirant, mais une seconde de trop sans doute, et se leva avec les autres et l'intention de dire au revoir bonne soirée vous me raconterez si ça vaut le coup.

Ils firent la queue devant le cinéma, la fille entreprenant d'en savoir plus sur le compte de ce silencieux jeune homme pâle qui semblait si las qu'elle se demandait quand il avait souri pour la dernière fois et à quel propos.
Il se contraignit à répondre aimablement mais sans plus, regardant parfois de longues secondes la ligne séparant le toit des immeubles et le ciel si bleu de nuit pour lui faire comprendre qu'il était là sans être là et que c'était ainsi tant pis.

La bande put enfin envahir la salle et prit position en plein milieu, et le jeune homme, agacé d'être enfermé dans un cinéma, se retrouva assis à côté de la jeune femme, dont il passa quand même quelques secondes à essayer de se remémorer la profession. Il alla même jusqu'à lui sourire lorsqu'elle plaisanta à propos de sa veste froissée.
Il aurait pu facilement s'en vexer.
Peut-être même s'en vexer au point de quitter la salle, en faisant un effort.
Mais il était incapable du moindre effort.

Le film commença et l'ennuya profondément, quasi immédiatement.
Il n'était pas nul sans doute,ce film anglais, mais il s'en fichait complètement de ce qui pouvait arriver aux personnages de ce film qui se voulait à la fois brillant et offrir un panorama de la vie des gens normaux, le banal d'un bout à l'autre, mais le banal est si porteur d'émotions que des fois on en est récompensé en tant que metteur en scène.
Aucun intérêt.
Il tourna la tête et regarda le profil de la fille.
Il sentit une douce chaleur envahir la détresse fâde de son cafard silencieux. C'était tout simplement qu'enfin son inconscient s'était suffisamment débattu dans le noir pour que son cerveau englué et ses feignants de nerfs se rendent compte : la nana assise à ses côtés était superbe, émouvante, délicate, et elle avait des joues d'un lisse arrondi qui n'appelait que les caresses.
Mais les caresses n'étaient pas envisageables, alors il regarda simplement jusqu'à plus soif le profil de la jeune femme éclairé des éclats mouvants du film anglais.
Et puis paf bing elle tourna la tête il eut l'air d'un con et en plus il détourna les yeux mais pas assez vite pour ne pas voir une ombre de sourire ironique passer sur sa bouche à elle.
Il passa les minutes qui suivirent à souffrir tout seul, se demandant si cette ironie était moqueuse et méprisante, ou bien au contraire porteuse d'un espoir ténu, délicat, éphémère, compromis déjà sans doute par le fait qu'il n'osait pas la regarder à nouveau dans la pénombre.
Son âme était bouleversée, ses idées en vrac, ses nerfs picotants qu'il devait avoir l'air bête, une tâche, un cake.

Puis il la regarda le regarder. Et sourire un peu.
Cette fille avait la classe il eut envie de caresser sous ses cheveux relevés, sa nuque. Mais les caresses n'étaient toujours pas d'actualité : les caresses lorsqu'elles sont gênantes, lorsqu'elles sont peut-être une agression, sont une catastrophe.
Et pourtant leurs bras se touchaient déjà, il s'en rendit compte : cette chaleur banale était la sienne, elle en devint alors extraordinaire, fabuleuse, promise, un paradis de chaleur, un monde entier de peau, un souffle de promesses.
Il bougea son bras de quelques centimètres, toute ma vie dans si peu de distance, et le bras doux le suivit.

Ils se caressèrent les doigts, le creux des mains.
Il décida d'arrêter d'être un con.
Il décida qu'elle aimerait son chat et que quelque soit sa profession il y consacrerait une attention équivalente à l'intérêt qu'elle y portait.
Il décida qu'il avait faim et qu'il allait l'emmener bouffer libanais.
Il se découvrit ému mais n'en chercha pas l'élan poétique.
Il ne décida plus rien lorsqu'elle l'embrassa tout doucement.

Qu'il était bon de se noyer dans un baiser si banal en soi, un baiser de rien du tout un soir, un tout petit baiser qui pourtant stoppa la course de toute chose.
Après un baiser comme celui là on est pas malheureux pareil.



Quand on oublie qu'on lit une histoire, et qu'on a l'impression qu'on la vit, c'est sans doute qu'elle est bien écrite.
:zen:
Et c'est peut-être aussi qu'on se sent particulièrement concerné par le sujet... :siffle:

Ceci dit, tu t'es tout de même trompé sur un point : je n'ai jamais piraté un CD de Ange! :D

Je suis impressionné. :love: Bravo. :up:
 
Human-Fly a dit:
Il y en a ici des concurrent(e)s que j'aimerais bien bouler en vert... Mais je ne le ferai pas pour le moment. :zen:

En tout cas moi, je ne m'en prive pas ! En tout cas pour ceux pour lesquels je peux ! :p
 
lumai a dit:
En tout cas moi, je ne m'en prive pas ! En tout cas pour ceux pour lesquels je peux ! :p

Je dirai le nom de la gagnante ou du gagnant le 1er septembre.
Sans doute dans la nuit du 31 août au 1er septembre à partir de minuit.

Et après, crois-moi, je ne me priverai pas non plus!... :p
 
Human-Fly a dit:
J'ai pris une décision.

Il y en a ici des concurrent(e)s que j'aimerais bien bouler en vert... Mais je ne le ferai pas pour le moment. :zen:
Si je boule verte une personne pour sa contribution, elle va penser qu'elle aura alors gagné, alors que ce ne sera pas nécessairement le cas. :D

Je vais donc attendre de désigner une gagnante ou un gagnant le 1er septembre. Et je sais d'ores et déjà que la qualité des actuelles contributions va me rendre la tâche ardue... :rateau:
Les choses vont encore se compliquer avec d'autres talentueux -et fort sympathiques- intervenants qui m'ont dit en privé qu'ils allaient sans doute participer...
Je sens que mon choix sera cornélien... :D

Une fois la gagnante ou le gagnant désigné(e), je boulerai en vert chaque personne dont le texte m'aura plu. :zen:


Ma règle est déjà caduque. :rateau:

Je viens de réaliser que j'avais déjà boulé ces jours-ci certains candidats actuels pour leurs participations à de précédentes sessions, ou pour leurs posts dans d'autres threads... :siffle:
Donc, j'ai tellement biaisé avec ma propre règle qu'elle doit être morte... :rateau:

Donc, je boule vert pour toutes les contributions que j'aime bien, même si l'on ne sait pas encore qui va gagner!... :king:
Et comme j'aime bien tous les posts jusqu'à présent, je boule vert tout le monde!... :love:
Et je procède dans le désordre!... :D
 
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