et avec la tête ? v2

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Ce sujet est fermé.
THEME : "UN SOURIRE , UN BONHEUR "
( petit ou grand bonheur à vous de choisir ..)

MOTS A EMPLOYER AVEC LES DETERMINANTS DÉFINIS : "le , la , l' " j'y tiens!:
LA PETITE FILLE
LA TRAVERSÉE
L'AU - DELÀ
LE SOIR
LE FOULARD


FIN DE SESSION : SAMEDI 5 NOVEMBRE 23H30
:zen: :up:

À VOS PLUMES DE WEB ...
 
joeldu18cher a dit:
THEME : "UN SOURIRE , UN BONHEUR "
( petit ou grand bonheur à vous de choisir ..)

MOTS A EMPLOYER AVEC LES DETERMINANTS DÉFINIS : "le , la , l' " j'y tiens!:
LA PETITE FILLE
LA TRAVERSÉE
L'AU - DELÀ
LE SOIR
LE FOULARD


FIN DE SESSION : SAMEDI 5 NOVEMBRE 23H30
:zen: :up:

À VOS PLUMES DE WEB ...
J'aime beaucoup le sujet. :love:

Intéressant, le bonheur qui peut-être petit ou grand... ;)

Il n'y a plus qu'à s'y mettre! :cool:
 
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Réactions: TibomonG4
Les rues étaient désertes ce soir là. Le vent balayait doucement les trottoirs d'un souffle léger, mais constant. Il s'était décidé à sortir de chez lui, à bouger, à respirer. Le parc où il aimait habituellement s'échapper était fermé. La petite fille qu'il avait l'habitude de croiser n'était pas là non plus. Le soir faisait maintenant place à la nuit; il continua à marcher, sans but. Secrètement il espérait la revoir, celle dont le regard avait croisé le sien quelques jours auparavant. Il la rêvait depuis ce jour. Elle avait esquissé un sourire en le voyant. Elle était douce, avec un visage fin, des yeux bruns en amandes rieurs, mais qui laissaient transparaître malgré tout une tristesse cachée. Il l'avait aperçue entrer dans cette boutique, après qu'elle se soit attardée sur le foulard rouge mis en évidence en vitrine. Malheureusement, il ne la revit pas. Peut-être demain, peut-être un jour. Il fit demi-tour, pour rentrer chez lui. Le c½ur lourd. Des larmes au coin des yeux.

Bien qu'il était au printemps de son existence, il pensait souvent à sa vie, parfois il la comparait à une grande ligne droite, parsemée de chemins, de routes, d'impasses. Il appelait parfois: la traversée. Sa traversée en solitaire. Celle qui allait l'amener inéluctablement vers l'au-delà. Un jour. Mais, il était seul. Seul.
 
Quand j'étais ado pré-post-euh-pubère, notre jeu préféré à-la-con était la syncope par hyper-ventilation. J'explique : on s'accroupissait devant un matelas dans une cave, on prenait une vingtaine d'inspirations-expirations rapides et totales et hop, on se pincait le nez en pressurisant la marmite à l'aide de nos côtes et de notre diaphragme. Yaouuuu !
Et puis on se réveillait tout "drôle" 5 à 10 secondes plus tard après une perte de connaissance qui semblait nous laisser apercevoir le meilleur de la vie, à savoir : l'approche furtive de l'au-delà.

La petite fille qui va être l'objet de mes futurs propos est la mienne - elle a 9 ans et je l'adore (même un peu trop des fois, je crois). Elle fréquente une école assez éloignée de ma demeure pour cause de maman volage.
Papa-poule à mes heures, je vais jusqu'à modifier mon itinéraire pour lui éviter la traversée d'une avenue passante. Je perds 5 bonnes minutes sur mon timing pour arriver au taf, mais je gagne en tranquilité d'esprit.

Alors, le soir où elle est rentrée avec ces marques de strangulation au cou, mon sang n'a fait qu'un tour ! Qui t'a fait ça ? !!!
Le foulard, qu'elle me dit...


(je précise que tout ceci n'est que fiction en ce qui concerne ma fille - et c'est pour moi un grand bonheur, même si ça ne me fait pas sourire :zen: )
 
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Réactions: Human-Fly
tanguy ... ya des jours où tu me fais peurrrrrr :rateau: bref ... je relirai ton texte un peu plus car là c'est écrit avec une frénésie syncopée .. qui choque par sa conclusion ... ce n'est plus un petit bonheur ..; c'est presque un petit moment d'horreur ... même si certains jouent à ce jeu ... :eek:




webolivier a repris en plus léger ma couleur ... et a joliment parlé de la solitude ... :up:
allez continuez les amis .. mettez y une tendre couleur ...une lumière, un vrai bonheur ... pour une fois ..
 
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Réactions: guytantakul
j'ai donc essayé de concilier les deux, joel : la noirceur de mes textes et le thème du bonheur. ;)


Le soir tombait quand le crissement des pneus fit se retourner plusieurs personnes.

La petite fille marchait lentement, tranquillement. Elle avait l'impression de faire une promenade dans cette grande vallée baignée par une lumière blanche mais très douce. Elle était seule, ses parents n'étaient pas avec elle et ce qui la réconfortait le plus. Tout ici n'était que quiétude. Elle avait perdu son foulard, mais cela ne l'inquiétait plus maintenant. Plus de cris de sa mère quand elle ne finissait pas la vaisselle à temps, plus de coups sournois de son père quand il n'y avait plus de bières près du fauteuil où il regardait la télé. La traversée de cette vallée lui parut longue et brève à la fois et elle n'avait pas peur de ce qu'elle allait découvrir. Les petites notes cristallines qui tintinnabulaient dans sa tête la guidaient et la rassuraient et, quand elle parvint enfin au bout de la vallée, elle sut qu'elle était enfin "chez elle".

Le chauffeur sortit en hurlant de sa voiture et, quand il se pencha sur le petit corps sans vie, le foulard qui voletait doucement dans le vent vint se poser délicatement sur le visage de l'enfant.
Le conducteur n'eut pas la chance de voir, dans l'au-delà, le visage de la petite fille éclairé, enfin, par un immense sourire.
 
PoorMonsteR a dit:
j'ai donc essayé de concilier les deux, joel : la noirceur de mes textes et le thème du bonheur. ;)


Le soir tombait quand le crissement des pneus fit se retourner plusieurs personnes.

La petite fille marchait lentement, tranquillement. Elle avait l'impression de faire une promenade dans cette grande vallée baignée par une lumière blanche mais très douce. Elle était seule, ses parents n'étaient pas avec elle et ce qui la réconfortait le plus. Tout ici n'était que quiétude. Elle avait perdu son foulard, mais cela ne l'inquiétait plus maintenant. Plus de cris de sa mère quand elle ne finissait pas la vaisselle à temps, plus de coups sournois de son père quand il n'y avait plus de bières près du fauteuil où il regardait la télé. La traversée de cette vallée lui parut longue et brève à la fois et elle n'avait pas peur de ce qu'elle allait découvrir. Les petites notes cristallines qui tintinnabulaient dans sa tête la guidaient et la rassuraient et, quand elle parvint enfin au bout de la vallée, elle sut qu'elle était enfin "chez elle".

Le chauffeur sortit en hurlant de sa voiture et, quand il se pencha sur le petit corps sans vie, le foulard qui voletait doucement dans le vent vint se poser délicatement sur le visage de l'enfant.
Le conducteur n'eut pas la chance de voir, dans l'au-delà, le visage de la petite fille éclairé, enfin, par un immense sourire.




C'EST GENIAL!! :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love:
 
lumai a dit:
Me laisserai-je tenter par du recyclage ??? :siffle: :p

un peu léger petite chapotée ... essaie donc de nous faire du nouveau .. de l'encore plus beau ...
tout de même qu'est ce j'aime chapi chapo!!!:love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love:
 
Bon, allez, j'ai eu le temps ce soir, voilà ma collaboration... :rose:

Un sourire, un bonheur, donc...


UN SOURIRE, UN BONHEUR

MOTS A EMPLOYER AVEC LES DETERMINANTS DÉFINIS : "le , la , l' " j'y tiens!:
LA PETITE FILLE
LA TRAVERSÉE
L'AU - DELÀ
LE SOIR
LE FOULARD


Ca y est, la voilà... La mer. Une immensité bleue, tirant sur le rouge par endroits, à cause du soleil couchant, brillant comme hérissée de diamants.
Je ferme les yeux... J'écoute...
Le chuchotement de la marée, le caquetage des mouettes loin au dessus.
Le brouhaha des conversations.
Un homme demande à sa femme si elle veut qu'il lui passe son pull.
Il ne fait pas froid pourtant.
Un enfant réclame à boire, sa soeur demande à manger.
Une vieille dame toussote. Une femme glisse à l'oreille de son mari des propos compromettants.
Le ronronnement du moteur du bateau se fait plus insistant. Il va être temps de monter.

Je rouvre les yeux. Le vieux bateau est devant moi. Les autres passagers se pressent dedans. Sa carlingue luit faiblement dans la lumière du crépuscule.
C'est à mon tour de monter. Marie se penche par dessus mon épaule.
Est ce que je suis prêt ? Oui, je crois, enfin j'espère.
Elle empoigne les poignées et pousse mon fauteuil.
Nous nous engageons sur la rampe qui mène sur le bateau.
Le fauteuil but contre le bord de la carlingue. Je serre les dents et ferme les yeux à m'en fendre les paupières.

Nom de dieu, quelle douleur. J'aurai du m'y attendre, le moindre choc me fait l'effet d'un millier de lame chauffées à blanc traversant mon corps, ça dure depuis quelques jours, ou peut être quelques quelques semaines? des mois ? Je ne sais plus. Les séances de chimio me flinguent la mémoire.
J'ai oublié tant de choses dont je voudrais me rappeler.
La fragrance de l'herbe fraîchement coupée. La sensation qui vous envahit quand vous vous précipitez nu contre une vague en été, le frisson qui vous parcoure quand on vous parcoure la colonne vertébrale avec le bout des doigts. Ma colonne vertébrale, je ne la sens plus de toute façon, trop de morphine. Il paraît que ça vaut mieux.
J'ai même oublié le goût des lèvres d'une femme. Je peux voir, imaginer, mais pas retrouver ce goût sur mes lèvres, recréer la sensation d'une bouche s'ouvrant sous la vôtre, la texture d'une joue, d'un sein...

Me voilà sur le pont. Marie m'installe à la proue, devant les bancs remplis d'autres passagers. Tant mieux, je ne veux pas avoir à supporter leurs regards plein de pitié où de dégoût pendant toute la traversée.
Deserre-le. Le foulard, là, il me serre... Je n'arrive plus à parler, il va falloir que je lève la main à mon cou. C'est douloureux. Elle a compris, elle déserre le bout de tissu. Je respire un peu mieux, mais ce qui reste de mes poumons me fait un mal de chien.
Un chien, j'avais un chien... enfin je crois, je ne sais plus.

Le bateau s'ébranle, il commence à bouger. Je ferme les yeux à nouveau. Je me laisse porter par le ressac...
Je veux pas mourir, putain, je veux pas. Comment c'est la mort ? Qu'est ce qu'il y a dans l'Au-Delà ? Si toutefois il existe...
Si il y a un Dieu là-haut, alors j'aurai deux mots à lui dire. Pourquoi moi ?
J'ai pas été un Saint, ni un exemple, mais quand même.

Une petite fille est appuyée contre le garde fou, elle regarde l'eau défiler sous ses pieds, je suppose. J'ai fait ça, quand j'étais gosse aussi...
Et toi, gamine, pour toi, qu'est ce qu'il y a, après ?
Je n'ai pas parlé, mais elle se retourne. Elle me regarde... Non, ne me regarde pas, ne me regarde pas...
Elle continue pourtant. Elle a de grands yeux gris clair, dans lequel on voit se refléter les nuages. Mais je ne vois pas de pitié dans ces yeux là, pas de dégoût, rien du tout.
La petite fille me regarde, ses cheveux ondulent autour de son visage, dans la lumière du soleil couchant...

Elle me sourit.

Oui... tu as raison, ça doit être ça qu'il y a après. La paix, tout simplement...
Je me laisse aller en arrière, ça devrait me faire mal, mais je ne sens rien. Plus rien... Je n'entends plus le bruit du moteur, ni celui des conversations, rien que le bruit de l'eau, et le bruit du vent.
Ca me revient...
Cette odeur, si indéfinissable, forte, ennivrante, mais apaisante...
Cette onde de fraîcheur qui vous frappe le torse, les gouttelettes qui ruissellent sur votre peau...
Une caresse sur le dos, et tout votre corps qui répond par un tremblement incontrôlable, de haut en bas, ou l'inverse. Les poils sur la nuque qui se hérissent...
C'était tiède, sucré, comme le meilleur fruit sur la terre, un souffle de vie s'ouvrant sous votre bouche, vous aspirant tout entier...
Une aréole se durcissant sous une paume, la chair répondant à une délicate pression de la main...
Oui, c'était ça, la vie.

C'est ça mourir?
Génial, je comprends pourquoi on garde la mort pour la fin...
Mourir le soir... Ce soir.

Pierrou
 
Désolé, double post.. po ma faute :rose:
 
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Réactions: joeldu18cher
Pierrou a dit:
Bon, allez, j'ai eu le temps ce soir, voilà ma collaboration... :rose:

Un sourire, un bonheur, donc...


UN SOURIRE, UN BONHEUR

MOTS A EMPLOYER AVEC LES DETERMINANTS DÉFINIS : "le , la , l' " j'y tiens!:
LA PETITE FILLE
LA TRAVERSÉE
L'AU - DELÀ
LE SOIR
LE FOULARD


Ca y est, la voilà... La mer. Une immensité bleue, tirant sur le rouge par endroits, à cause du soleil couchant, brillant comme hérissée de diamants.
Je ferme les yeux... J'écoute...
Le chuchotement de la marée, le caquetage des mouettes loin au dessus.
Le brouhaha des conversations.
Un homme demande à sa femme si elle veut qu'il lui passe son pull.
Il ne fait pas froid pourtant.
Un enfant réclame à boire, sa soeur demande à manger.
Une vieille dame toussote. Une femme glisse à l'oreille de son mari des propos compromettants.
Le ronronnement du moteur du bateau se fait plus insistant. Il va être temps de monter.

Je rouvre les yeux. Le vieux bateau est devant moi. Les autres passagers se pressent dedans. Sa carlingue luit faiblement dans la lumière du crépuscule.
C'est à mon tour de monter. Marie se penche par dessus mon épaule.
Est ce que je suis prêt ? Oui, je crois, enfin j'espère.
Elle empoigne les poignées et pousse mon fauteuil.
Nous nous engageons sur la rampe qui mène sur le bateau.
Le fauteuil but contre le bord de la carlingue. Je serre les dents et ferme les yeux à m'en fendre les paupières.

Nom de dieu, quelle douleur. J'aurai du m'y attendre, le moindre choc me fait l'effet d'un millier de lame chauffées à blanc traversant mon corps, ça dure depuis quelques jours, ou peut être quelques quelques semaines? des mois ? Je ne sais plus. Les séances de chimio me flinguent la mémoire.
J'ai oublié tant de choses dont je voudrais me rappeler.
La fragrance de l'herbe fraîchement coupée. La sensation qui vous envahit quand vous vous précipitez nu contre une vague en été, le frisson qui vous parcoure quand on vous parcoure la colonne vertébrale avec le bout des doigts. Ma colonne vertébrale, je ne la sens plus de toute façon, trop de morphine. Il paraît que ça vaut mieux.
J'ai même oublié le goût des lèvres d'une femme. Je peux voir, imaginer, mais pas retrouver ce goût sur mes lèvres, recréer la sensation d'une bouche s'ouvrant sous la vôtre, la texture d'une joue, d'un sein...

Me voilà sur le pont. Marie m'installe à la proue, devant les bancs remplis d'autres passagers. Tant mieux, je ne veux pas avoir à supporter leurs regards plein de pitié où de dégoût pendant toute la traversée.
Deserre-le. Le foulard, là, il me serre... Je n'arrive plus à parler, il va falloir que je lève la main à mon cou. C'est douloureux. Elle a compris, elle déserre le bout de tissu. Je respire un peu mieux, mais ce qui reste de mes poumons me fait un mal de chien.
Un chien, j'avais un chien... enfin je crois, je ne sais plus.

Le bateau s'ébranle, il commence à bouger. Je ferme les yeux à nouveau. Je me laisse porter par le ressac...
Je veux pas mourir, putain, je veux pas. Comment c'est la mort ? Qu'est ce qu'il y a dans l'Au-Delà ? Si toutefois il existe...
Si il y a un Dieu là-haut, alors j'aurai deux mots à lui dire. Pourquoi moi ?
J'ai pas été un Saint, ni un exemple, mais quand même.

Une petite fille est appuyée contre le garde fou, elle regarde l'eau défiler sous ses pieds, je suppose. J'ai fait ça, quand j'étais gosse aussi...
Et toi, gamine, pour toi, qu'est ce qu'il y a, après ?
Je n'ai pas parlé, mais elle se retourne. Elle me regarde... Non, ne me regarde pas, ne me regarde pas...
Elle continue pourtant. Elle a de grands yeux gris clair, dans lequel on voit se refléter les nuages. Mais je ne vois pas de pitié dans ces yeux là, pas de dégoût, rien du tout.
La petite fille me regarde, ses cheveux ondulent autour de son visage, dans la lumière du soleil couchant...

Elle me sourit.

Oui... tu as raison, ça doit être ça qu'il y a après. La paix, tout simplement...
Je me laisse aller en arrière, ça devrait me faire mal, mais je ne sens rien. Plus rien... Je n'entends plus le bruit du moteur, ni celui des conversations, rien que le bruit de l'eau, et le bruit du vent.
Ca me revient...
Cette odeur, si indéfinissable, forte, ennivrante, mais apaisante...
Cette onde de fraîcheur qui vous frappe le torse, les gouttelettes qui ruissellent sur votre peau...
Une caresse sur le dos, et tout votre corps qui répond par un tremblement incontrôlable, de haut en bas, ou l'inverse. Les poils sur la nuque qui se hérissent...
C'était tiède, sucré, comme le meilleur fruit sur la terre, un souffle de vie s'ouvrant sous votre bouche, vous aspirant tout entier...
Une aréole se durcissant sous une paume, la chair répondant à une délicate pression de la main...
Oui, c'était ça, la vie.

C'est ça mourir?
Génial, je comprends pourquoi on garde la mort pour la fin...
Mourir le soir... Ce soir.

Pierrou


tout mon commentaire est dans le titre! rien à ajouter ..
merveilleux pierrou.. pour le coup , je t'honore de la fée des nuits :
:love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love: :love:
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n-b: j'attends avec impatience les textes de nos autres amis .. chacun a sa couleur , a sa note à apporter à notre discrète symphonie de vie
 
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Réactions: Pierrou
Pierrou a dit:
Ca y est, la voilà... La mer. Une immensité bleue, tirant sur le rouge par endroits, à cause du soleil couchant, brillant comme hérissée de diamants.
Je ferme les yeux... J'écoute...
Le chuchotement de la marée, le caquetage des mouettes loin au dessus.
Le brouhaha des conversations.
Un homme demande à sa femme si elle veut qu'il lui passe son pull.
Il ne fait pas froid pourtant.
Un enfant réclame à boire, sa soeur demande à manger.
Une vieille dame toussote. Une femme glisse à l'oreille de son mari des propos compromettants.
Le ronronnement du moteur du bateau se fait plus insistant. Il va être temps de monter.

Je rouvre les yeux. Le vieux bateau est devant moi. Les autres passagers se pressent dedans. Sa carlingue luit faiblement dans la lumière du crépuscule.
C'est à mon tour de monter. Marie se penche par dessus mon épaule.
Est ce que je suis prêt ? Oui, je crois, enfin j'espère.
Elle empoigne les poignées et pousse mon fauteuil.
Nous nous engageons sur la rampe qui mène sur le bateau.
Le fauteuil but contre le bord de la carlingue. Je serre les dents et ferme les yeux à m'en fendre les paupières.

Nom de dieu, quelle douleur. J'aurai du m'y attendre, le moindre choc me fait l'effet d'un millier de lame chauffées à blanc traversant mon corps, ça dure depuis quelques jours, ou peut être quelques quelques semaines? des mois ? Je ne sais plus. Les séances de chimio me flinguent la mémoire.
J'ai oublié tant de choses dont je voudrais me rappeler.
La fragrance de l'herbe fraîchement coupée. La sensation qui vous envahit quand vous vous précipitez nu contre une vague en été, le frisson qui vous parcoure quand on vous parcoure la colonne vertébrale avec le bout des doigts. Ma colonne vertébrale, je ne la sens plus de toute façon, trop de morphine. Il paraît que ça vaut mieux.
J'ai même oublié le goût des lèvres d'une femme. Je peux voir, imaginer, mais pas retrouver ce goût sur mes lèvres, recréer la sensation d'une bouche s'ouvrant sous la vôtre, la texture d'une joue, d'un sein...

Me voilà sur le pont. Marie m'installe à la proue, devant les bancs remplis d'autres passagers. Tant mieux, je ne veux pas avoir à supporter leurs regards plein de pitié où de dégoût pendant toute la traversée.
Deserre-le. Le foulard, là, il me serre... Je n'arrive plus à parler, il va falloir que je lève la main à mon cou. C'est douloureux. Elle a compris, elle déserre le bout de tissu. Je respire un peu mieux, mais ce qui reste de mes poumons me fait un mal de chien.
Un chien, j'avais un chien... enfin je crois, je ne sais plus.

Le bateau s'ébranle, il commence à bouger. Je ferme les yeux à nouveau. Je me laisse porter par le ressac...
Je veux pas mourir, putain, je veux pas. Comment c'est la mort ? Qu'est ce qu'il y a dans l'Au-Delà ? Si toutefois il existe...
Si il y a un Dieu là-haut, alors j'aurai deux mots à lui dire. Pourquoi moi ?
J'ai pas été un Saint, ni un exemple, mais quand même.

Une petite fille est appuyée contre le garde fou, elle regarde l'eau défiler sous ses pieds, je suppose. J'ai fait ça, quand j'étais gosse aussi...
Et toi, gamine, pour toi, qu'est ce qu'il y a, après ?
Je n'ai pas parlé, mais elle se retourne. Elle me regarde... Non, ne me regarde pas, ne me regarde pas...
Elle continue pourtant. Elle a de grands yeux gris clair, dans lequel on voit se refléter les nuages. Mais je ne vois pas de pitié dans ces yeux là, pas de dégoût, rien du tout.
La petite fille me regarde, ses cheveux ondulent autour de son visage, dans la lumière du soleil couchant...

Elle me sourit.

Oui... tu as raison, ça doit être ça qu'il y a après. La paix, tout simplement...
Je me laisse aller en arrière, ça devrait me faire mal, mais je ne sens rien. Plus rien... Je n'entends plus le bruit du moteur, ni celui des conversations, rien que le bruit de l'eau, et le bruit du vent.
Ca me revient...
Cette odeur, si indéfinissable, forte, ennivrante, mais apaisante...
Cette onde de fraîcheur qui vous frappe le torse, les gouttelettes qui ruissellent sur votre peau...
Une caresse sur le dos, et tout votre corps qui répond par un tremblement incontrôlable, de haut en bas, ou l'inverse. Les poils sur la nuque qui se hérissent...
C'était tiède, sucré, comme le meilleur fruit sur la terre, un souffle de vie s'ouvrant sous votre bouche, vous aspirant tout entier...
Une aréole se durcissant sous une paume, la chair répondant à une délicate pression de la main...
Oui, c'était ça, la vie.

C'est ça mourir?
Génial, je comprends pourquoi on garde la mort pour la fin...
Mourir le soir... Ce soir.

Pierrou


Waooou ! :up: :up: :up: :up: :up:
 
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