Andréas avait rêvé d'Evasion...
Cette nuit de retour vers MAdrid depuis Las Végas ne serait pas
mémorable.
L'avion ne partait pas. Incident technique, retard, transit, nuit d'attente...
On les chargea dans une navette qui diffusait une pâle lumière fluorescente de labo spécialisé dans l'élevage de taupes!!!
Direction Hôtel d'attente au décor bordélisant et pharaonique. Une lune lépreuse rôdait dans le ciel. Dans le fond de la navette, une blonde aux yeux verts, au cul de panthère, à la beauté généreuse et vulgaire, débordante dans ses vêtements, un prototype de sacré morceau, lui jeta un il aguicheur sans en avoir l'air. La palpitation de sa poitrine rendait son chemisier presque diaphane.
Avalanche de testostérone.
Andréas allait-il franchir le seuil psychique qui rend insensible la réalité et être submergé par le désir d'ouvrir les portes de la vie invisible qui inspire tant de funestes élucubrations ou bien repousser l'assaut de la tentation?
Ils descendirent de la navette sur l'esplanade de l'hôtel illuminé par les éclats clignotants d'une
sirène de
police.
Sans doute cette place avait -elle dû voir passer tout un tas de stras oubliées, comme celles qu'ils croisèrent dans le hall.
Comme ce chauve qui se pavanait encore en chemise à jabot et en costume à paillettes juste destiné à séduire des mites, ou cet autre fraîchement débarqué des Îles Hawaïennes, ou encore cet autre au costume style "Men in Black" attaché case, Testoni, barbe de trois jours, et un autre grand tatoué que le temps avait ridé un en vieux chat sauvage, renforcé par le massacre de la diffusion en fond sonore d'une chanson de
Village People...
Le portier de nuit conservé dans le formol les obligea à se débrouiller seuls et à s'aventurer dans les couloirs.
Des couloirs à la perspective fuyante avec une lumière de morgue, une moquette où avaient dû s'ébattre des cochons, une odeur de javel mêlée à un triste foutre qui transperçait les cloisons...
Andréas pousse sa porte de chambre, et s'engouffre avec lui la fille au cul de panthère...
Yeux écarquillés en apercevant les rideaux tellement rococo, assortis aux motifs imprimés velours de la couverture d'un lit à baldaquin...
En écho le reste de la décoration n'est pas en reste, fauteuils crapaud recouverts de peluche vert-anis, coiffeuse croulant sous les froufrous et bidet en forme de coquillage.
(
Une semaine ici et on est bon pour le cabanon...!!!).
La fille pose son sac sur la coiffeuse pendant qu' Andréas tente de trouver parmi les bouteilles "Jivaro" du mini-bar un truc à boire.
Ses chaussures font un toc assourdi par le tapis poilu. Adréas est tout de suite attiré par les veinules parcourant son pied, semblables à des filets d'eau silencieux, même si sa tension devait avoir l'effervescence du bicarbonate de soude dissoute dans son sang...
Elle tapote le bord du lit l'invitant à s'asseoir à ses côtés. Enhardi par une gorgée liliputienne, il crût un court instant qu'elle allait lui donner un conseil d'ordre érotique. Son Blue-Jean's lui étranglait des cuisses sûrement replètes.
Une deuxième gorgée le rendit d'une lascivité insensée, avec en toile de fond le désir de faire un pas vers le bord du précipice.
Il posa discrètement une main sur un genou, juste pour palper la chaleur au travers du tissu, une chaleur de fournil qui le scotcha au lit.
"Tu sais ce que c'est la Vie Invisible?"
un irrépressible besoin d'empoigner ses cuisses et d'y frotter ses mains...
"Mais pourquoi...?"
Andras se voit alors dédoublé, celui de loin qui contemple, l'autre en train de peloter cette fille, sans vergogne, elle qui succombe à ses lèvres, et l'autre encore qui plonge sa main sous la chemise diaphane jusqu'à ses seins en liberté...
"je ne sais plus, je ne sais pas...!!!
Alors il sent le bras de la fille le serrer et l'entraîner avec elle sur le couvre lit rococo, sent le va et vient haletant de sa respiration, sa langue impérieuse faire voler en éclats les derniers contreforts de la résistance...
La sonnerie stridente du téléphone atteignit Andréas comme un rire sarcastique, comme un détecteur d'adultère...
LA fille avait déjà déboutonné son pantalon, de l'élastique de sa culotte débordait un
magot résolument brun, versus sa chevelure résolument blonde.
Satané téléphone qui croit bon de ne pas s'arrêter... Et il s'étonne de ce gonflement, informe tubérosité, alors que la fille ne devait pas la trouver si moche à en juger par son sourire...
Mais cette satanée sonnerie avait chassé l'appel des gonades et il se jeta sur le téléphone.
"Allo oui...
"Finalement votre heure de départ est avancée..."
Il se tourna vers la fille qui le scrutait avec désir, elle avait eu le temps de poser en tapon son pantalon, les élastiques de sa minuscule culotte révélaient une architecture inguinale généreuse. Elle lui souria.
"Ah très bien, je descends tout de suite..."
La fille fit une moue mélodramatique, s'empressa de se rhabiller, de prendre son sac, le tout comme une automate, laissant au double de Andréas le désir de se dissoudre dans le néant de se confondre avec les ombres... Elle devait penser très fort à ce qu'on lui apporte ses roupettes sur un plateau...
Quand il leva la tête, elle avait disparu dans le couloir aux odeurs de fièvres libidineuses et nauséabondes...
Il eut l'impression de subir un court-circuit qui éloigne à jamais de sa véritable identité...une impression de noyade ou de déchéance qui accable les solitaires...
Andéas eut l'impression d'être un misérable scélérat...