En attendant le retour de RV, un poème de Segalen, grand amateur de la Chine, extrait de "Stèles" ; les poèmes sont des textes écrits sur des stèles en Chine (plus exactement se veulent dans l'esprit des textes écrits sur les stèles en Chine). En l'occurrence, il s'agit d'un texte sur l'empereur
Éloge et pouvoir de l'absence
Je ne prétends point être là, ni survenir a l'improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d'un oeil implacable ; aux ministres fautifs, d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.
Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées.
Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits ou je ne daigne pas.
Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles , nulle arme ni poison ne saura venir ou m'atteindre.