Ecoute, c'est la mer qui roule

poildep a dit:
elle s'intitulait: "on n'a jamais dit que c'était facile". :D c'est pourtant pas difficile à retenir comme titre :o


En magasin, je n'ai que celle-là de classée. Pas mal aussi ;)
 
Je suis enchaîné à mes mots, comme d'autres à des terres. Rien ne sert de lutter, puisqu'ils reviennent sans cesse. Ils sont mes armes, mes larmes, et mes peurs. Ils sont mes rêves, mes bonheurs et mes charmes.
Dans quelle contrée vais-je les jeter, désormais ? Je trouverais. Peut-être en ferais-je les mêmes jets qu'avant de découvrir cet asile ? Perdus dans un coin de toile, à l'écart de tout regard connu. Arbres isolés aux rameaux incertains.
Je trafique ma mémoire pour pouvoir lui survivre. L'entortiller de phrases me la rend étrangère. Me vide de mon trop plein.
Je suis une forteresse. Les mots sont mes remparts.
 
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Réactions: lumai et Bassman
camisol a dit:
Je suis enchaîné à mes mots, comme d'autres à des terres. Rien ne sert de lutter, puisqu'ils reviennent sans cesse. Ils sont mes armes, mes larmes, et mes peurs. Ils sont mes rêves, mes bonheurs et mes charmes.
Dans quelle contrée vais-je les jeter, désormais ? Je trouverais. Peut-être en ferais-je les mêmes jets qu'avant de découvrir cet asile ? Perdus dans un coin de toile, à l'écart de tout regard connu. Arbres isolés aux rameaux incertains.
Je trafique ma mémoire pour pouvoir lui survivre. L'entortiller de phrases me la rend étrangère. Me vide de mon trop plein.
Je suis une forteresse. Les mots sont mes remparts.

Donne la clef a qui la mérite, et laisse les maillons former cette chaîne et s'entortiller jusqu'à ce que les soudures cédent... D'autres remparts se formeront ailleurs.
 
camisol a dit:
Je suis une forteresse. Les mots sont mes remparts.

La chambre à peine éclairée par la lueur d'une aube prometteuse de soleil, elle s'est assise au coin du lit, ses ballerines à la main..
Elle savait que le matin éteindrait les étoiles et apporterait un certain apaisement. Elle savait qu'il avait sa façon de franchir les frontières interdites au-delà desquelles les corps évoluent sans la moindre réserve et en totale symbiose.
Sentir sa main survoler sa nuque, sensation aussi simple que de respirer.
C½ur battant et résonnant comme un écho dans une grotte, la peau frémissante et traversée de frissons. Corps abandonnés temporairement qui reproduisent le désir.
Elle se défend à peine pour lui bloquer la main et avant d'en prendre conscience, ils roulent sur le lit. D'abord gauchement, les lèvres s'effleurent à peine, puis avides, elles explorent avec saveur, lentement tous les contours de ces terres de plénitude. Caresses infinies diluées dans le temps. Elle n'ose pas parler de peur qu'aujourd'hui ne devienne demain.
Il lui retire son pull, elle lève les bras pour lui faciliter la tâche et laisse découvrir de tièdes rondeurs qu'il embrasse avec passion. Elle l'aide alors, aussi enthousiaste que malhabile, étonnée de découvrir sa peau si douce.
Puis vinrent les caresses, les étreintes, les brefs soupirs, les gémissements profonds, les mains habiles gommant les frontières entre la chair et l'esprit, la brutalité et la délicatesse, Elle et Lui, la peau et l'émotion, le visible et l'invisible.
Totem résolument dressé, disposé, prêt, sans réticences aucune.
Ce délire, ce mirage, cette sensation de quitter son propre corps pour se fondre dans celui de l'autre, état obsessionnel aux racines profondes. Ivresse d'odeurs mêlées, cannelle, poivre, sueurs, vertiges de fragrances, arôme boréal de la lumière blanche salvatrice. Leurs yeux plissés produisent des images spéculaires, leurs esprits des souvenirs dilués dans le temps. (Encore) une fois cet Aujourd'hui est devenu Hier.
Pour me souvenir, cet hier lointain est devenu un souvenir. Lointain...

:zen:
 
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Réactions: joanes
macelene a dit:
La chambre à peine éclairée par la lueur d'une aube prometteuse de soleil, elle s'est assise au coin du lit, ses ballerines à la main..
Elle savait que le matin éteindrait les étoiles et apporterait un certain apaisement. Elle savait qu'il avait sa façon de franchir les frontières interdites au-delà desquelles les corps évoluent sans la moindre réserve et en totale symbiose.
Sentir sa main survoler sa nuque, sensation aussi simple que de respirer.
C½ur battant et résonnant comme un écho dans une grotte, la peau frémissante et traversée de frissons. Corps abandonnés temporairement qui reproduisent le désir.
Elle se défend à peine pour lui bloquer la main et avant d'en prendre conscience, ils roulent sur le lit. D'abord gauchement, les lèvres s'effleurent à peine, puis avides, elles explorent avec saveur, lentement tous les contours de ces terres de plénitude. Caresses infinies diluées dans le temps. Elle n'ose pas parler de peur qu'aujourd'hui ne devienne demain.
Il lui retire son pull, elle lève les bras pour lui faciliter la tâche et laisse découvrir de tièdes rondeurs qu'il embrasse avec passion. Elle l'aide alors, aussi enthousiaste que malhabile, étonnée de découvrir sa peau si douce.
Puis vinrent les caresses, les étreintes, les brefs soupirs, les gémissements profonds, les mains habiles gommant les frontières entre la chair et l'esprit, la brutalité et la délicatesse, Elle et Lui, la peau et l'émotion, le visible et l'invisible.
Totem résolument dressé, disposé, prêt, sans réticences aucune.
Ce délire, ce mirage, cette sensation de quitter son propre corps pour se fondre dans celui de l'autre, état obsessionnel aux racines profondes. Ivresse d'odeurs mêlées, cannelle, poivre, sueurs, vertiges de fragrances, arôme boréal de la lumière blanche salvatrice. Leurs yeux plissés produisent des images spéculaires, leurs esprits des souvenirs dilués dans le temps. (Encore) une fois cet Aujourd'hui est devenu Hier.
Pour me souvenir, cet hier lointain est devenu un souvenir. Lointain...

:zen:



De ces instants arrachés au temps. De moments qui restent dans le souvenir et dont on sait que tard, bien tard il suffira de peu pour qu'ils ressurgissent derrrière le voile d'une douce mélancolie.
Merci encore
 
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Réactions: camisol
Je ne sens plus le crochet qui m'attirait dans son trou noir. Mon corps est allongé, il n'est plus plié de douleur. Je peux respirer. Mais quelque chose m'attache à autre chose. Une chose qui fait du bruit, qui souffle, et qui respire lentement. Qui respire à ma place ? Mes doigts tâtent mon poumon, suivent le fil qui part de l'autre côté du lit. J'ouvre les paupières. Le lit est grand, partout autour, des machines. Certaines allumées, d'autres éteintes. Celle qui m'aide à vivre est petite, un peu ronde. On dirait un R2D2.
C'est une pièce toute vitrée. Au delà de la vitre, il y a une autre cage stérile, toute en verre. Un homme dort paisiblement. Puis, une autre encore, vide. Une autre encore, avec un autre lit, et une forme allongée dessus. Et derrière moi ? C'est un mur. Je suis dans la première pièce.
A gauche, une porte vitrée. Puis une espèce de guérite, ou un réduit. Une porte battante, qui doit donner sur un couloir écairé. En face des cages vitrées, une fenêtre sans tain. Au fond de la pièce, une porte avec un système de video surveillance, une petite fenêtre au milieu, un voyant rouge. Sur la fenêtre est écrit quelque chose. Je lis à l'envers. Réa C.

Tout d'un coup, le souvenir des dernières heures refait surface. La douleur. Depuis combien de temps avais-je mal ? Le médecin de ville qui blémit en écoutant mon poumon, les urgences de la clinique en face. L'interne, qui me tient un long discours sur ma douleur actuelle, qui n'est rien à comparer de celle à venir. Qu'il ne peut pas m'endormir, au contraire, il faut que je sois bien réveillé. Que je vais ressentir la même douleur qu'un nouveau né, que je vais hurler cette douleur. L'infirmière qui m'attache. Je veux un mord-aux-dents pour après ? Après quoi ? Après que j'aurais crié une première fois !
Non, pas de mord-aux-dents, non.
Puis l'aiguille, le type qui me regarde dans les yeux. Son regard est doux, ses yeux me disent quelque chose comme "allez mon pote, tu vas en chier un bon coup, et après, ça ira mieux". Et la douleur qui me déchire de part en part, je crie à réveiller les patients des services d'anatomie pathologique. Mes muscles se tendent sous les sangles pour hurler. Je ne meurs pas, je vis, et ça fait horriblement mal. J'ai du perdre conscience après.

Une infirmière est rentrée. Elle explique. Elle demande si j'ai mal. Non, pas du tout. Règle deux ou trois trucs.
Puis tu rentres. Tu es belle, mais tes traits sont tirés. Je te demande de m'apporter des livres. Et surtout le Ballard, Crash. Une salle de réa, ça doit être bien pour lire Crash.
Je me rendors. C'est bien, ce truc qui coule dans mes veines. J'en ramenerais bien à la maison, en repartant.

Deux jours. Je m'habitue à la morphine. A cet état gazeux. Cette nuit, le vieux d'à coté est mort. J'ai vu l'équipe essayer de le réanimer, mais rien n'y a fait. Il était déja parti. Je ne l'ai pas vu mourir, je lisais. Une sonnerie s'est mise à retentir quelque part, et tout clignotait dans sa cage.
J'ai regardé sans que les images ne pénêtrent réellement mon cortex. Je suis dans un état ralenti. Une immense ouate, diffuse, laiteuse.

Une fille vient s'occuper de moi. Elle est brune, belle, petite, bronzée. Souriante. Rigolote. Elle me parle, mais je ne sais pas du tout ce qu'elle dit. Ses paroles m'arrivent détachées de leurs phrases, et lorsque j'en saisis le sens, elle parle déja d'autre chose. Je hoche la tête, je la regarde.
Je ne fantasme pas sur les infirmières en blouse blanche. Je faisais mes devoirs dans une salle de garde. Une infirmière, pour moi, c'est une collègue de ma mère. Celle-là est belle, mais je n'arrive pas à imaginer son corps sous la blouse.
Les fantasmes de Ballard occupent tout mon esprit. Je vagabonde dans des voitures cassées, des lits d'hopitaux, des éclairs de phares, des prothèses contraignantes et terriblement excitantes.

Soudain, je bande. L'infirmière fait ma toilette, en fait. Je suis nu sur le lit, elle est en train de passer un gant tiède sur mon pénis. Dressé d'un coup. Amorphe sur mon lit, je suis tout à coup gêné. Je l'entends qui rigole. Elle dit "ça n'est pas grave, ça change de nos infarctus habituels".
Je souris benoitement, je cherche quelque chose à dire, mais les mots ne s'assemblent pas. Et déja, elle sort, en chantonant. Saloperie de morphine.
 
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Réactions: Amok et Foguenne
J'ai demandé à ce que mon message précédent soit supprimé. Je n'aurais dû le poster. Le garder pour moi, ce que je ferai dorénavant. Je ne viendrai plus jamais poster dans ce sujet «Ecoute, c'est la mer qui roule». Cela me cause et m'a causé trop de tourments, et c'est à chaque fois pareil lorsque j'y ai fait un passage.

Là c'était le message de trop, qui a réveillé en moi des anciens souvenirs et histoires qui auraient dû restés à jamais enfouis.
 
Si personne ici ne te connaissais, si tu n'avais aucun lien avec aucun lecteur, si aucun d'entre eux ne pouvait mettre un visage sur ton nom, fusse-t-il un pseudo, bref, si tu étais un anonyme parmi d'autres anonymes, l'aurais-tu laissé ? Est-ce le fait d''ouvrir des états d'âme en public qui gène, ou est-ce, seulement, le fait d'ouvrir des états d'âme, de les poser sur une musique des mots, qui les rend difficiles à supporter pour leur auteur même ?
L'écriture est un miroir, un miroir sans tain.
Merci de nous les avoir donné à voir quelques heures, merci de tes mots d'aujourd'hui. Bonne route, WebO.
:zen:
 
WebOliver a dit:
J'ai demandé à ce que mon message précédent soit supprimé. Je n'aurais dû le poster. Le garder pour moi, ce que je ferai dorénavant. Je ne viendrai plus jamais poster dans ce sujet «Ecoute, c'est la mer qui roule». Cela me cause et m'a causé trop de tourments, et c'est à chaque fois pareil lorsque j'y ai fait un passage.

Là c'était le message de trop, qui a réveillé en moi des anciens souvenirs et histoires qui auraient dû restés à jamais enfouis.


Dommage, j'ai bien aimé tes mots. C'est vrai, parfois il vaut mieux laisser les vieilles blessures où elle sont, oublier la douleur qui risque de nous submerger. Mais aussi parfois un peu de vague à l'âme n'est pas désagréable. Cet état semi comateux q'une douleur diffuse, juste à la limite de la paix... ;)