Hier soir, en retournant chez moi, il y avait eu un accident sur l'autoroute ... il pleuvait ... les flashs bleus et oranges des policiers et des ambulances dansaient sur le bas-côté ... tout le monde roulait au pas...
A côté d'une carcasse de voiture, étendu sur une civière, ce que je devinais être un corps ... recouvert d'une toile orange, auprès duquel s'affairaient une demi-douzaine de pompiers et secouristes...
La pluie redoublait d'intensité et, malgré le chauffage de l'habitacle, je me suis surpris à avoir froid... très froid ... les feux "stop" des voitures qui me précédaient faisaient rougeoyer mon pare-brise ... et les essuie-glaces continuaient leur bruit monotone et lancinant...
Et là, je me suis surpris à prier ... ô non pas les prières qu'on nous apprend le mercredi après-midi au catéchisme, non ! ... une simple pensée sincère pour cet homme ou cette femme, peu importe, qui avait eu la malchance de se trouver là au mauvais endroit et au mauvais moment...
C'était étrange ... je me sentais solidaire comme si le simple fait de penser à lui ou à elle, était susceptible de l'aider à surmonter l'insurmontable...
Je me demandais si lui ou elle avait des enfants ... des parents ... je pensais à mon fils qui devait être aussi sur la même route, probablement quelques kilomètres devant ou derrière moi...
Le noir était revenu, laissant les halos de lumières baigner mon rétroviseur ...
Je décidais d'appeler mon fils sur son GSM ... au moment où je m'apprêtais à former son numéro, mon téléphone a sonné ... c'était lui ... je décrochais et entendis : "Pa ! c'est moi ! t'es ou ????"
J'avais de la chance ... j'ai toujours eu de la chance ... une chance insolente qui fait que j'ai traversé 55 années de vie sans trop en prendre sur la gueule ... ni moi, ni les miens ...
Dommage que je ne puisse pas la partager cette p.... de chance !!!