Il y avait longtemps que je n'avais plus serré mon petit frère dans mes bras (...il a 6 ans de moins que moi !!!) ...
D'accord, quand on se voit, on s'embrasse et on se tape sur l'épaule, mais ce matin c'était différent ... je le conduisais en clinique pour une intervention relativement lourde ... lourde, mais risquée aussi ...
Dans la voiture, on a beaucoup parlé ... beaucoup rigolé aussi ... il a plaisanté en me disant qu'il me laissait son vieux "Yaesu" en héritage ... on se donnait du courage réciproquement ...on était bien !!!
Et puis on est arrivés ... formalités d'hospitalisation ... paperasses et pour finir l'ascenseur vers le 6ième étage et la chambre 603 ... ensuite l'attente ... et le silence qui s'est installé ...
Visite d'une infirmière ... aujourd'hui examens pré-opératoire ... demain, opération ... et le surlendemain ... on ne sait pas ...
Il était là, un peu hirsute et barbu, assis sur son lit, près de sa valise ... un peu perdu aussi ...
J'ai mis les deux mains sur ses épaules ... il s'est levé et on s'est longuement serrés l'un contre l'autre sans rien dire...
Comme on est tous les deux barbus, il a ajouté : "fais gaffe ! ça va faire velcro !!!" ... on a rigolé une dernière fois ... on s'est tapé dans la main et j'ai simplement dit : "Prends bien soin de toi p'tit con !!!" ... et je suis sorti !!!
Dans le couloir, j'ai regardé par la fenêtre ... le temps était très clair et le soleil jouait déjà avec les ombres des bagnoles sur le parking... la vie était là ... dehors, on devinait un air bien vif à s'en péter les poumons ... et lui, il était là ... seul avec probablement l'angoisse au ventre...
Il avait voulu qu'on soit seuls ... que je le conduise seul dans cette grande clinique un peu froide et impersonnelle... je ne sais pas encore pourquoi ... mon "petit frère" est de la race des "imprévisibles" ... de ceux pour qui le couple est synonyme de tracas, de soucis, souffrances et déchirements ... il n'a pas d'enfants, bien entendu ... il me dit souvent que les miens lui suffisent ... il est comme ça et je l'ai toujours accepté tel qu'il est ...
Encore quelques heures et je retournerai le voir ... prendre de ses nouvelles ... connaître le moment où on l'opérera et attendre ... attendre encore !
Mon regard se portait au loin, vers l'horizon, là ou le bleu vire au blanc ... un peu comme la mer qui roule et qui emporte avec elle nos espoirs et nos prières...
T'en fais pas, petit frère ! ... ça va aller !!! Je suis là ...